Les risques psychosociaux

Comment prendre en compte les risques psychosociaux dans une toute petite structure ?

 

Espaces naturels n°40 - octobre 2012

Management - Métiers

Aymeric Divies
Psychologue et médecin du travail

 

Quelle que soit la taille de l’entreprise, la situation psychosociale résulte d’un équilibre entre facteurs de risques et facteurs protecteurs.
Les risques environnementaux organisationnels touchent aux contraintes émotionnelles, au changement, à la charge physique, au bruit, à l’ergonomie… mais aussi à la répétitivité ou, a contrario, au fait d’être interrompu. On peut aussi citer l’ambiguïté des rôles, la multiplicité hiérarchique, le contact avec le public, le flou sur l’avenir…
Les facteurs protecteurs, eux, s’illustrent par le soutien, la coopération, les récompenses, formations, clarté hiérarchique et décisionnelle. La transparence également ou encore l’autonomie et la congruence entre les valeurs de l’individu et celles de l’organisation, chose qui suscite l’adhésion…
Il est important de souligner que plus la démarche de prise en compte des risques est concertée, plus elle sera efficace.
Cette démarche suppose d’établir un diagnostic afin d’identifier et d’évaluer les facteurs de risques. Le recueil de données peut prendre plusieurs formes. Par exemple, l’analyse documentaire de l’absentéisme, du turn over, du signalement d’événements indésirables ou encore de constat des services de santé au travail… L’observation de l’activité de travail constitue également un bon indicateur.
D’autres méthodes plus directes peuvent aussi être utilisées comme l’entretien individuel ou collectif, la mise en place d’un groupe de travail ou de pilotage, sans oublier la traditionnelle enquête par questionnaire. Il est bien sûr souhaitable de compiler plusieurs de ces méthodes pour en déduire des actions de prévention primaire et secondaire. La première visant la suppression des facteurs de risque lorsque c’est possible. La seconde permettant de faire face aux facteurs de risques restants par la mise en place de protection, par exemple.
Maintenir une veille est également indispensable. Des indicateurs doivent permettre de suivre l’efficacité des actions entreprises, l’apparition de nouveaux risques ou de personnes en souffrance.
Mes consultations m’amènent à rencontrer des personnes en situation d’épuisement professionnel pouvant même évoluer en dépression grave. Je constate que ce phénomène s’aggrave depuis plusieurs années dans un contexte de multiplication des facteurs de risque inhérents au souci de rentabilité dans tous les secteurs professionnels. 
Ces dernières décennies, on observe aussi l’évolution du travail qui s’appuie sur une notion plus individuelle et s’effectue avec moins de ressources. On assiste à la perte de la fonction d’équipe et des protections collectives qui pouvaient en découler. Elles permettaient, malgré des métiers parfois plus pénibles, d’être moins exposé. Voilà pourquoi ai-je dit que les risques psychosociaux résultent d’un déséquilibre entre contraintes et protections.