Mémoire

Gérer une forêt témoin de l'Histoire

 

Espaces naturels n°53 - janvier 2016

Le Dossier

Frédéric Hinschberger, ONF

En Meuse, pour préserver et valoriser un témoin unique des combats de la Grande Guerre situé sous l’immense forêt domaniale de Verdun, protecteurs de la nature et passeurs de mémoire ont dû trouver des valeurs communes.

Il existe près de 200 km² de forêts qui abritent les traces de la Première Guerre mondiale en Meuse

Il existe près de 200 km² de forêts qui abritent les traces de la Première Guerre mondiale en Meuse. © ONF

En cent ans, nous sommes passés d’un intérêt historique et mémoriel à une approche élargie à l’histoire du territoire et de ses profondes mutations (disparition de six villages détruits jamais reconstruits, naissance d’une forêt, évolution des paysages, installation d’une flore et d’une faune spécifiques habitant les vestiges de la bataille de Verdun trous d’obus, forts, abris, ...).

Cette évolution, c'est un comité de pilotage qui l'impulse, animé par l'ONF (Office national des forêts) et le département de la Meuse. Naturalistes, archéologues, historiens, géographes, gestionnaires de sites de mémoire, forestiers, élus, militaires, exploitants forestiers, professionnels du tourisme échangent pour que nature comme culture soient présentes dans le projet de développement du site.

L’exemple du département de la Meuse, gestionnaire du musée de plein air et des forts, est une traduction concrète de cette volonté de préservation de tous les patrimoines pour les générations futures. En 2014, une étude est commandée pour approfondir les connaissances environnementales des sites dont le département est le gestionnaire pour proposer un plan de gestion qui intègre la préservation patrimoniale et l’afflux de visiteurs. L’équipe d’insertion de l'ASCB (Association pour la sauvegarde du champ de bataille) chargée des débroussaillages et de l’entretien des espaces ouverts est sensibilisée par les forestiers pour différer les tontes de juin et préserver la floraison des quinze espèces d’orchidées sur les forts.
À l’aube du centenaire et dans l’attente du classement au patrimoine mondial de l’humanité, les acteurs ont préparé l’avenir d’un site emblématique de la Grande Guerre et s’apprêtent à renouveler cette approche au profit d’autres forêts domaniales nées du Premier conflit mondial.