Les mots du son nature

 

Espaces naturels n°47 - juillet 2014

Le Dossier

Extraits du glossaire réalisé par Matthieu Crocq pour la revue en ligne des éditions Wildproject www.wildproject.org

 

© PN Port Cros, Marine Colombey

L’écologie sonore,
ou écologie acoustique, est l’étude de la relation entre les organismes vivants et leur environnement sonore. C’est un concept formulé à l’origine par le canadien Raymond Murray Schafer dans son livre de 1977 Le Paysage sonore (en anglais The Tuning of the World, qu’on pourrait aussi traduire par « Accorder le monde »), qui y voit une discipline à la croisée de multiples champs : musique, géographie, urbanisme, sociologie, acoustique, zoologie... L’idée de paysage sonore renvoie à la fois aux voix animales, aux sons de la météorologie et aux sons créés par les hommes dans la composition musicale, au design sonore et à d’autres activités humaines ordinaires comme la conversation, le travail et les bruits d’origine mécanique des technologies industrielles. (...)

La bioacoustique
est une branche de l’éthologie consacrée à l’étude des comportements des animaux liés au son : communication, écholocation (utilisation active des sons pour se repérer dans l’espace par les dauphins, les chauves-souris...), impact des bruits sur la faune, etc. Dans son livre Recherches sur la voix des animaux, paru en 1831, Hercule Florence utilisait le terme de « zoophonie » pour qualifier l’étude scientifique des sons de la nature… On peut considérer qu’il s’agit d’une proposition fondatrice de la bioacoustique.

L’audionaturalisme 

est l’étude et la connaissance de la nature par le biais des sons qu’elle produit. Le terme «naturalisme» est généralement employé de nos jours dans une acception qui l’entraîne hors de la science officielle. (…) On peut dire que les naturalistes sont aujourd’hui plus des connaisseurs de la nature - des pratiquants des sciences naturelles, en somme - que des personnes ayant un statut de chercheur. Dès lors, l’audionaturaliste serait un amateur éclairé (ou un professionnel qui n’est ni biologiste, ni acousticien : ce peut être un musicien, un preneur de son, un animateur...) qui se consacre à l’étude des sons de la nature. (...)

Le son,
vibration périodique d’un support fluide (air, eau...) ou solide (bois, métal...) se propage sous la forme d’une onde mécanique. Dans l’air, ce sont de très faibles variations de la pression atmosphérique. Le son est généralement défini par sa fréquence (nombre de vibrations par seconde, mesurée en hertz), son amplitude (intensité des variations de pression, mesurée généralement en décibels) et son timbre (qui dépend de la forme de l’onde et qui donne la «couleur» d’un son). (...) Pour la petite histoire : Bernie Krause indique qu’aux États-Unis il lui fallait, en 1968, entre 10 et 15 heures d’enregistrements pour obtenir une heure de son sans intervention humaine. En 1999, pour cette même heure, il lui fallait 2000 heures de prise de son...