A la périphérie de la ville, le Ricantu s’étire en arc sur un kilomètre et demi de plage. Depuis toujours, les Ajacciens se sont approprié ce site qui, aujourd’hui encore, ne dément pas son utilité sociale : jogging, balades en famille, baignade. La fréquentation est si intense qu’il n’était pas rare de voir des véhicules 4 X 4 labourer la plage. Le site était même devenu un terrain vague où les ordures avaient leur place. Pourtant, cet espace naturel, au seuil de la cité, est également un espace remarquable. D’un point de vue écologique, d’une part, car le Ricantu abrite une faune ou une flore spécifique. Et, parmi les espèces rares, un escargot que l’on croyait disparu. Or, il y a dix ans, on a découvert que cinq mille Helix ceratina vivaient sur l’arrière-plage du Ricantu, devenu leur unique refuge sur la planète Terre. Hélas, le développement de l’agglomération ajaccienne a entraîné la modification de leur habitat. Construction, piétinement, passage de véhicules… Il leur reste aujourd’hui moins de 7 ha pour survivre et si l’évolution devait se poursuivre, l’escargot pourrait s’éteindre dans une dizaine d’années.
La végétation, rare, est également menacée : genêt de Salzmann, scrophulaire rameuse… Les petites clairières abritent une plante rarissime endémique de Corse et de Sardaigne : la linaire jaune.
Entre la lande et la plage, se développe une flore typique des dunes littorales, adaptée à l’influence du vent et des embruns. Ces plantes, particulièrement sensibles au piétinement et autres agressions, jouent un rôle essentiel dans la fixation du sable fin transporté par les vents. Il s’avérait donc urgent de restaurer la végétation de la lande et de la dune !
Action
Depuis janvier 1999, le Conservatoire du littoral bénéficie d’une autorisation d’occupation temporaire. Cette AOT, accordée pour une durée de dix-huit ans, a permis au Conservatoire d’aménager le site. Aménagement qui s’est appuyé sur l’intégration paysagère, sur l’analyse des besoins des citadins utilisateurs, sur la recherche de l’esprit du lieu.
Aujourd’hui, les Ajacciens fréquentent d’autant plus le site aménagé ; l’Helix lui, peut proliférer et la lande renaître. Quant à l’image de marque et au paysage, ils s’en trouvent plutôt satisfaits. Les gestionnaires insistent cependant sur la nécessité d’un suivi postérieur à l’aménagement.