Les secrets de la réussite

 

Espaces naturels n°6 - avril 2004

Le Dossier

Valérie Lecurieux
Fédération française de randonnées pédestres

 

L’esthétique douteuse de certains panneaux en patchwork cache des enjeux d’un autre ordre : sociaux, économiques, environnementaux. Et si on se parlait ? Si les professionnels et non-professionnels dialoguaient autour de la signalétique ? À n’en point douter, la solution est là.

Souvent, sur les itinéraires de randonnées, la signalétique manque de cohérence. Au point qu’on s’interroge sur la volonté de l’aménageur : qu’a-t-il voulu transmettre ? Serait-ce une information directionnelle ? Ou plutôt des éléments permettant d’interpréter le territoire ? À moins qu’il ne s’agisse d’informations sur les services ? Une chose est sûre : la volonté de « tout mettre » est contre-productive. Chaque public ayant ses propres pratiques, ses propres besoins, ses propres caractéristiques, il est important de répondre avec pertinence à ses attentes. Tel promeneur par exemple, qui habite le territoire et dont l’unique but est le loisir, n’aura besoin que d’un balisage performant ; tandis que tel touriste curieux aura l’utilité d’un aménagement plus « accompagnant ».
Dès lors, les aménageurs devront porter une réflexion préalable et globale, appliquée à l’ensemble du territoire.
Comment s’y prendre pour conduire cette réflexion ? En tout premier lieu, connaître son public de randonneurs actuels ou potentiels. Ces pratiquants, quel âge ont-ils, quels profils ? Quel temps consacrent-ils à la randonnée ? À quelle fréquence ? Quelles sont leurs motivations ?...
Soulignons qu’un aménagement réussi ne peut se faire sans une concertation avec les acteurs du territoire. On a vu comment des signalétiques « mal vécues » par les riverains donnèrent lieu à du vandalisme. On imagine aisément comment des heurts, incidents, tensions risquent de s’installer si d’aventure des randonneurs étaient conduits sur des lieux privés, du fait d’une signalétique mal pensée ou ignorant le consentement des acteurs.
Le but de la signalétique est de permettre au visiteur de s’approprier le territoire traversé, de le comprendre, de l’aimer. La manière dont est conçue la signalétique conditionne l’accueil du randonneur et du même coup l’image du territoire telle qu’elle sera véhiculée à l’extérieur. Elle conditionne également l’harmonie des relations sociales.
En effet, l’utilisation de l’espace est concurrentielle et d’autres utilisateurs (équestres, VTT, agriculteurs, forestiers, chasseurs) empruntent les mêmes chemins et évoluent sur le même territoire. Non seulement il convient d’œuvrer pour harmoniser la signalétique et veiller à ne pas en multiplier les formes, mais il faut n’omettre aucun acteur. On oublie trop souvent que pour l’exploitant agricole ou forestier, l’espace rural est un espace de travail. Dans certains départements, il est d’usage de prendre contact avec les agriculteurs pour connaître la largeur de leurs engins agricoles avant d’implanter la signalétique. Cette contrainte prise en compte, il y a moins de panneaux arrachés.
L’enjeu de la signalétique est plus important qu’il n’y paraît. Un diagnostic exhaustif permet de savoir si l’aménagement pour la pratique de la randonnée est de nature à contribuer au développement touristique, donc économique du territoire.

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La pratique de la randonnée pédestre en séjour touristique en France
étude de clientèle
Béatrice Guilbert -
Cabinet Taylor Nelson-Sofres

Enquête menée par l’Agence française d’ingénierie touristique.
Disponible auprès de l'Afit Tél. : 01 44 37 36 73 www.afit-tourisme.fr