Projet de PNR du golfe du Morbihan

Le bois raméal fragmenté pour enrichir des sols littoraux

 
Le Dossier

Camille Simon
Projet de Parc naturel régional du golfe du Morbihan

 

Une technique simple pour rendre le sol à nouveau vivant, l’épandage de rameaux.

La présence d’activité conchylicole dans l’estuaire de la rivière de Penerf (Morbihan) fait craindre toute pollution bactériologique. La loi interdit d’épandre toute matière organique d’origine animale sur une bande de 500 m depuis le littoral. Aussi, pour faire face à la pauvreté de ces sols littoraux, les agriculteurs utilisent des apports en engrais minéraux et autres intrants chimiques. Une pratique qui, à long terme, conforte d’ailleurs l’appauvrissement de ces mêmes sols.
Dans le cadre de l’élaboration du second contrat de bassin versant de la rivière de Pénerf, les agriculteurs ont alerté le projet de Parc naturel régional du golfe du Morbihan sur la question. Un relevé agronomique et microbiologique du sol est alors réalisé en mars 2010, il confirme le diagnostic. Aussi, comment viser l’amélioration qualitative des sols littoraux et réduire les intrants minéraux et chimiques ? Comment faire en sorte que l’agriculture littorale s’avère respectueuse du milieu marin et des activités conchylicoles situées à l’aval ? Et, bien sûr, comment réduire la déprise agricole ?
Au lieu d’une solution traditionnelle consistant à apporter de la chaux en grande quantité, une forte quantité azotée, ainsi qu’un complément en oligo-éléments (engendrant un coût non négligeable), la solution bois raméal fragmenté est retenue.
Celle-ci est expérimentée à Ambon. Le bois est uniquement issu de branchage d’arbres feuillus. La méthodologie est relativement simple.

Méthodes. Deux à trois centimètres d’épaisseur de bois raméal fragmenté ont été épandus sur la parcelle. Soit, par hectare, 200 à 300 m3 pour 50 à 60 tonnes de produit. Le BRF est ensuite resté tel quel, environ trois mois.
La mise en œuvre du bois raméal fragmenté s’opère entre le mois de novembre et le mois de mars. Cette période laisse à la microfaune le temps de s’implanter à l’air libre, sur le végétal, avant la mise en culture de la parcelle. Trois mois plus tard, un retournement ou un simple hersage de la parcelle s’impose.
Un seul apport de BRF permet de restructurer partiellement les dix centimètres supérieurs de sol durant cinq ans. Cette pratique, en effet, crée des conditions favorables pour abriter toute la microfaune et flore (champignons) nécessaire pour stimuler la vie du sol, pour capter l’azote minéral et la transformer en azote organique, dans l’humus, à savoir sur les premiers centimètres du sol.

Effets. Nous sommes aujourd’hui au début de l’expérimentation mais, outre la valorisation des déchets verts locaux dans un cycle court, les effets attendus sont nombreux : amélioration agronomique des sols dans la bande littorale des 500 mètres ; diminution, voire arrêt des traitements phytosanitaires ; gestion de la ressource en eau ; lutte contre l’érosion des sols (pollutions azotées et phosphores) ; pérennisation de l’activité agricole sur le littoral. La biodiversité est également la grande gagnante de cette technique d’enrichissement.
Un suivi agronomique (analyse de terre pour les paramètres azote, phosphore et potasse) et microbiologique des sols (analyse de la biomasse microbienne et de la macrofaune, notamment les vers de terre) sera réalisé tous les ans jusqu’en 2015. Il permettra de mesurer l’évolution du sol et les bénéfices retirés en le comparant à l’état initial. Les résultats obtenus seront, bien sûr, communiqués aux autres agriculteurs du bassin versant de la rivière de Pénerf et au-delà.