Le dossier lu par... Philipson Francfort

 

Espaces naturels n°68 - octobre 2019

Le Dossier

Philipson Francfort, maire de la commune de Morne-à-l’Eau en Guadeloupe élue « meilleure petite ville pour la biodiversité 2018 »

© Jacques Ofranc

© Jacques Ofranc

Préserver la biodiversité est l’affaire de l’État que les collectivités territoriales, les communes, leurs établissements et agences associés et la société civile. Ainsi, la loi Biodiversité du 8 août 2016 apporte un cadre rénové à la gouvernance de la biodiversité en France et dans les outre-mer en renforçant le rôle de chef de fi le des régions, garantes de la mise en cohérence des objectifs nationaux, définis dans la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB), avec les spécificités locales traduites dans les Stratégies régionales pour la biodiversité (SRB). C’est en ce sens que l’initiative Territoires engagés pour la nature essaime petit à petit en France. Cependant, si sur les aires terrestres l’implication des collectivités territoriales est croissante, le littoral et la mer demeurent encore « la chasse gardée de l’État » et de ses services à quelques exceptions.

Par ailleurs, la volonté de déployer des politiques publiques plus transversales est enclenchée depuis plusieurs années. Mais, l’exemple de la compétence Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), dévolue aux intercommunalités depuis 2018 à marche forcée, témoigne des difficultés à mettre en œuvre des stratégies de gestion intégrée par bassin versant. En Guadeloupe, pour citer ce territoire que je connais, aucun Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) n’est opérationnel pour le moment sur ce sujet majeur. Autre exemple, l’évolution des statuts des parcs nationaux par la loi de 2006 qui s’appuie sur une gouvernance partagée incluant les collectivités locales. Son bilan est mitigé suivant les territoires, l’acceptation par la population, les moyens alloués. D’experts thématiques, les agents des parcs sont appelés à devenir des animateurs de territoire.

 

"Les territoires sont invités à fonctionner en réseaux, à innover en matière d’action publique, et à mener une planification intégrée."

Le travail mené en ce sens par les associations naturalistes est inspirant et bénéfique pour tous, notamment dans le cadre des stratégies et des outils d’aménagement et de préservation de nos territoires. Les cadres rénovés de préservation de la biodiversité invitent à plus de fonctionnement en réseaux, à plus d’agilité, à de l’innovation en matière d’action publique territoriale, à l’élaboration de démarches de planification intégrée. Ce sont là quelques principes retenus dans la création des agences régionales de la biodiversité. Plus que jamais, dans le cadre de ces transitions, les maires devront être engagés et attentifs sur la mise en œuvre de ces politiques et la protection des espaces naturels sur leur territoire.