Géraldine Le Duc
Depuis toute petite, Géraldine est passionnée par la faune. Elle est d'ailleurs devenue biologiste, et travaille comme chercheur. Mais sans contact avec la nature, pas possible de vivre sereinement. Elle commence donc par militer à la LPO, puis s'investit dans la photo. C'est sa façon de faire vivre sa passion naturaliste. « Je n'ai pas d'espèce de prédilection. Je pourrais rester des heures sur un passereau. » Plutôt opportuniste, elle ne se reconnaît pas dans les photographes qui restent trois semaines en forêt pour obtenir le cliché d'un animal qu'ils n'ont pas encore à leur tableau de chasse. Pour Géraldine, la photo, c'est aussi une action militante. « Quand on aime observer la nature, comme moi, les insectes, les oiseaux, et qu'on en voit de moins en moins au fil des ans, on se dit qu'il faut faire quelque chose. »
Elle soutient donc les militants, en donnant des photos : « c'est ma forme de militantisme, une de mes façons de contribuer à l'asso ciation. » Une déontologie qui l'a amené à participer à un livre édité par Glénat avec ses amis du collectif DiVertiCimes, et dont 10 % des recettes sont reversées au centre de sauvegarde.
Le secret de ses photos d'oiseaux ? Prendre le temps de connaître l'intimité de l'animal. « Avec mon 500 mm je peux me permettre d'être plus loin qu'avec un 300, et de ne pas les déranger. Mais je ne fais pas de photo au nid, et je ne nourris pas pour les attirer. » Pas prête à tout, donc. Mais heureuse d'apprendre de ses erreurs. Comme cette fois où elle a réalisé qu'une chevechette avait ralenti le nourrissage à cause de sa présence. « Il y a une quête bien sûr. De l'animal et de la lumière. Mais c'est aussi – presque plus – un moyen de passer un moment dans la nature. L'appareil photo aide à la concentration. » Elle n'a pas vraiment fait de formation à la photo. « Au début je faisais beaucoup de noir et blanc. Avant 20 ans j'aimais les photos humanistes, Doisneau. Quand j'ai accouché de ma fille, en 2004, j'utilisais beaucoup trop de pellicule, alors mon mari m’a offert un boîtier réflexe numérique. C'est comme ça que je me suis mise au numérique... Résultat j'ai fait encore plus de photos ! ». Chardonneret, chevêche, milan royal (« le plus beau rapace de France »), sont ses préférés. Sur le terrain, elle aime aussi les rencontres humaines.
« Avec les gardes du Parc régional du Vercors, on échange nos informations, on sympathise. » Elle se souvient de beaux moments comme avec ce martin-pêcheur : « J'avais entendu son chant. Je vérifie sur mon téléphone que c'est bien ça... Et hop, il me passe entre les jambes ! » Une dernière anecdote pour la route ? « En vacances en Bourgogne, j'avais entendu une chevêche. Je voyais à peu près où elle pouvait être. Alors je mets en place un vrai affût, je me poste tous les matins à partir de 6 heures. Le premier jour, je croise le regard d'une femelle crécerelle, posée sur une branche. Alors je finis par comprendre, le lendemain, que mon affût la gêne. Je me déplace et, là, j'ai pu avoir les deux. Deux que j'adore, en plein cœur d'un vieux village ! »