DE L'INTENTION À L'ACTION

Influencer avec l’aide d’un youtubeur

 

Espaces naturels n°69 - janvier 2020

Le Dossier

Propos recueillis par Marie-Mélaine Berthelot

Mobiliser des citoyens passe de plus en plus souvent par les médias numériques, et notamment les réseaux sociaux. En février 2019, la plateforme Pour une autre PAC a travaillé avec un youtubeur pour diffuser ses messages en vue d’influencer la politique européenne concernant l’agriculture. Aurélie Catallo, coordinatrice de la plateforme explique l’intérêt qu’elle a eu à travailler avec Nicolas Meyrieux.

Pourquoi collaborer avec un youtubeur ?

D’abord, l’intérêt de communiquer par le biais de vidéos, c’est que ça se partage. Dans notre campagne début 2019, nous avions à la fois des vidéos sur notre propre chaîne Youtube, des portraits de paysans, et une vidéo sur le mode de l’humour, réalisée par le youtubeur Nicolas Meyrieux. La diffusion par Facebook a été très importante. L’intérêt d’impliquer un youtubeur est de toucher la communauté qu’il représente, via ses abonnés. Le but n’est pas de convaincre, mais d’informer, d’alerter sur un sujet. Sur ces sujets engagés, le nombre de youtubeurs est limité. Ils ont un nombre de personnes qui les suivent qui est moins grand que les youtubeurs les plus connus, mais il y a l’assurance que ce sont des personnes concernées par le sujet. Donc cela permet de toucher une cible que ça intéresse.

Diffuser les informations, vulgariser, c’est la première étape à parcourir pour mobiliser. Non seulement une vidéo ne suffi t pas, mais en plus elle marche mieux si elle prend place dans une campagne globale.

Comment avez-vous travaillé avec lui ?

Nous avons travaillé le script avec lui et lui avons donné les éléments techniques. Nous l’avons payé pour faire cette vidéo, mais cela reste une vidéo de Nicolas Meyrieux car il y a la marque de sa personnalité même si la vidéo est beaucoup plus longue que ce qu’il fait habituellement. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons décidé de nous adresser à lui. Les youtubeurs filtrent les propositions en fonction de l’intérêt du sujet pour eux, de l’adéquation avec leurs valeurs, et de la compatibilité avec leur format. En l’occurrence Nicolas Meyrieux prend le ton de la dénonciation des aberrations : cela nous convenait. Certains veulent que leur vidéo débouche sur une action, d’autres sont plus scientifiques, ou décortiquent leur sujet. C’est une question d’identité. Il faut la respecter.

Quels peuvent être les objectifs d’une telle collaboration ?

Il y a d’abord des objectifs en matière de vues et de partages. Mais il y a aussi des objectifs en matière de mobilisation et donc d’impact sur la politique que l’on souhaite influencer. Pour la diffusion, nous avons été satisfaits car la vidéo a été relayée par Greenpeace, WWF, etc. La chaîne a enregistré 76 000 vues et sur Facebook elle a été vue 469 000 fois. Ça commence à être bien ! Dans le même temps, les portraits de paysans ont été vus de façon très variable 15 000 fois pour l’un, et jusqu’à 878 000 fois pour un autre. Mais le nombre de partages ou de vues ne suffi t pas pour atteindre les objectifs politiques. Diffuser les informations, vulgariser, c’est la première étape du chemin à parcourir pour mobiliser. Non seulement une vidéo ne suffit pas, mais en plus elle marche mieux si elle prend place dans une campagne globale. Par exemple, on peut l’accompagner par le lancement d’un outil. Elle doit appartenir à un tout compréhensible pour la personne que l’on souhaite mobiliser.