Méthode pour reconstituer l’histoire des sentiers

 

Espaces naturels n°19 - juillet 2007

Le Dossier

Christophe Lézin
Chargé de développement territorial

Quelle que soit sa culture, l’Homme se sent lié à la nature. Or, pour la parcourir, le sentier constitue un lien privilégié ; le sentier relie l’Homme à son histoire… Reste à connaître celle-ci.

Reconstituer l’histoire des sentiers, c’est permettre aux gestionnaires de choisir les modes de gestion à venir en disposant d’une connaissance valorisable de ce qu’ils ont pu être par le passé.
Dans les réserves naturelles Arve-Giffre en Haute-Savoie, Asters a cherché à retracer une évolution des réseaux de sentiers de 1860 à 2001. L’intérêt de ce gestionnaire était de pouvoir visualiser les logiques qui avaient présidé aux gestions antérieures afin d’adapter les futures logiques de développement et les intégrer aux plans de gestion. Il souhaitait également disposer d’un outil de suivi des sentiers et soupeser l’impact des décisions prises. Et, très concrètement d’exploiter la reconstitution de ce passé en vue de développer des sentiers à thème, de valoriser leur caractère patrimonial. Aujourd’hui, le résultat de l’étude, permet, au regard de la base de données couplée à un système d’informations géographiques (SIG) :
- de percevoir les impacts d’une politique de gestion sur les milieux, les divers usages des sentiers ;
- de constater l’augmentation des acteurs qui aménagent et gèrent les sentiers, donc de développer des partenariats avec ces divers intervenants ;
- d’identifier des séquences historiques de mise en valeur en fonction des usages ou des acteurs dominants qui interviennent sur les sentiers.
La mise en œuvre de cette étude a commencé par l’inventaire des types de sources historiques mobilisables. Ensuite, après identification de ces références, les chercheurs les ont regroupées dans un tableau qui intègre leur localisation dans le SIG (cf. tableau ci-dessous). Chaque document incorporé est décrit en fonction de sa référence (colonne 1), son lieu d’archivage (col. 2), les critères de localisation définis, ici la réserve (col. 3), le secteur de la réserve (col. 4), le segment de sentier (col. 5).
Enfin, pour compléter cette identification, la base de données prévoit un traitement de l’information contenue : source (col. 7), auteur (col. 8), type d’intervention (col. 10), date (col. 11).
Ainsi posée, la structure de la base de données devient opérationnelle et peut être alimentée en permanence à chaque fois qu’une intervention est effectuée ou qu’une information est identifiée sur un sentier donné.
Sa construction est réalisable à partir d’un tableur. Dans le cas exposé, c’est le logiciel Excel qui a été utilisé en premier lieu. Puis, dans un second temps, c’est le logiciel Access qui a été retenu pour ses capacités à être couplé au SIG Mapinfo professional élaboré par Asters.
Ce dispositif permet au gestionnaire d’organiser les actions entreprises en consultant la base de données tout en visualisant les informations relatives au sentier concerné, identifié comme segment dans le SIG.
Dès lors, l’acte de gestion s’accompagne d’une vision transversale et intégrée du sentier dans l’espace et le temps.
Le sentier devient ainsi un attribut de la mise en valeur des espaces qu’il traverse. Quant à l’outil d’aide à la gestion qu’est la base de données couplée au SIG, il permet de suivre et de conserver ce qu’a pu être le sentier pour enrichir les conceptions de ce qu’on pourra en faire demain.