Mise en oeuvre d’indicateurs

Suivre le même indicateur quelle que soit l’échelle d’observation

 

Espaces naturels n°33 - janvier 2011

Le Dossier

Valérie Fiers
RNF

 

Ne pouvant suivre tout le patrimoine naturel dont il a la responsabilité, le gestionnaire d’un espace protégé doit faire des choix et effectuer des mesures sur des indicateurs pertinents en tenant compte de leur facilité de mise en œuvre et leur échelle de validité (site, intersite ou nationale).
Dans un premier temps, le choix des indicateurs est défini dans le cadre du plan de gestion : ils visent souvent à mesurer l’état de conservation d’un habitat ou d’une population d’espèces à enjeu patrimonial élevé. Il en est ainsi de trois réserves naturelles marines dont les gestionnaires s’intéressent au suivi des phénomènes de progression/régression des herbiers de posidonie, habitat prioritaire d’intérêt communautaire considéré comme l’écosystème marin le plus important de Méditerranée.
L’approche des indicateurs prenant en compte une échelle nationale s’opère généralement dans un second temps, afin d’intégrer le site à un réseau national bénéficiant de dispositifs standardisés.
L’herbier de posidonie a été choisi dans le cadre de la directive cadre sur l’eau afin de renseigner le bon ou mauvais état écologique des masses d’eau. Par la présence continue de personnel compétent sur le terrain, les réserves naturelles sont des sites privilégiés pour l’installation de placettes permanentes dans le cadre de ces suivis : une des neuf stations de micro-cartographie des herbiers par télémétrie acoustique se situe dans la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls.
Mais les gestionnaires doivent aussi s’interroger sur l’adéquation locale des mesures définies dans le cadre des dispositifs nationaux. La question est d’autant plus pertinente que l’indice Posidonie, tel qu’arrêté par la directive cadre sur l’eau, prend en compte une douzaine de paramètres. C’est beaucoup pour les trois réserves naturelles méditerranéennes qui, pour connaître l’état de santé du milieu, mesurent surtout la profondeur de la limite inférieure et la densité de l’herbier. D’autant que, localement, les objectifs peuvent diverger et les indicateurs s’appuyer sur d’autres paramètres : le nombre de trous dans l’herbier ou encore de traces de chalutage pour mesurer les effets de la pression anthropique.
Quelle que soit l’échelle, il est essentiel d’optimiser les moyens mobilisables, tant humains (plongeurs) que matériels (bateaux, balises, pointeurs à écran LCD) tout en améliorant le choix des stations d’échantillonnage (cohérence spatiale d’une échelle à une autre) ainsi que la bancarisation et la sécurisation des données (logiciel). En cela, le rapprochement entre gestionnaires et équipes universitaires est à encourager.
Les données prennent toute leur utilité si elles peuvent être comparées à celles obtenues sur d’autres sites dans le cadre d’un réseau de suivi, y compris en dehors d’espaces protégés, ce qui permet notamment de mesurer « l’effet réserve » sur les secteurs où les activités humaines sont les plus réglementées. Et de voir si, dans le cas des herbiers, leur état de conservation est meilleur ou pas dans les espaces protégés.