Pour des indicateurs vraiment opérationnels, collaborez

 
Entretien, Dominique Pelletier

Espaces naturels n°33 - janvier 2011

Le Dossier

Moune Poli

 

Pampa1 est un programme d’action pour mettre en œuvre des indicateurs pour les aires marines protégées (AMP). Quelle est la spécificité de ce programme ?
Pampa rassemble des scientifiques et des gestionnaires d’aires marines protégées. Ensemble, ils cherchent à construire des indicateurs fiables et opérationnels. Les scientifiques relèvent de disciplines aussi diverses que le droit, la géographie, l’écologie, l’économie et les statistiques.

Une collaboration atypique…
À vrai dire, chacun a pu se sentir bousculé : le gestionnaire parce qu’il aimerait des indicateurs simples, fiables, très informatifs, bon marché, et des outils « presse-bouton » développés en six mois, mais aussi parce qu’il doit formuler ses besoins très précisément ; le scientifique parce qu’il voudrait tester certains indicateurs issus de la recherche, et pour lesquels on cherche toujours comment les interpréter en relation avec les objectifs de gestion. Ou encore parce qu’il lui est difficile de simplifier une réalité complexe en un petit nombre d’indicateurs.
Cependant, l’implication de chacun est restée intacte, permettant ainsi de poursuivre la dynamique de recherche/action engagée depuis le précédent programme Liteau2, et qui s’avère bénéfique y compris pour l’émergence de nouvelles questions scientifiques.
Que dire des attentes des gestionnaires ?
Ils ont besoin d’outils simples pour évaluer dans quelle mesure leurs objectifs de gestion sont atteints, et quelles actions ils doivent entreprendre pour s’en rapprocher. L’évaluation est résumée dans un tableau de bord par objectif de gestion.

Pouvez-vous décrire les enjeux ?
Nous élaborons des tableaux de bord regroupant objectifs de gestion et indicateurs associés, en se basant sur l’analyse statistique de ces derniers. Ces tableaux doivent rester simples à comprendre et s’appuyer sur des évaluations rigoureuses. Ceci afin de faire des recommandations précises sur les protocoles de suivi garantissant la fiabilité des indicateurs. Nous privilégions les données que les AMP peuvent collecter elles-mêmes.
Quel est le rôle de chacun dans ce projet ? Les gestionnaires ont précisé les buts, objectifs et actions de gestion de leurs AMP, mais aussi leurs préférences et leurs contraintes logistiques en matière de suivi.
Les scientifiques eux, ont proposé des indicateurs potentiels qui soient à la fois pertinents pour chaque objectif et calculables à partir des suivis. Ils ont testé ces indicateurs à partir de jeux de données pour évaluer leur intérêt, leur fiabilité, et au final savoir s’ils seront retenus dans les tableaux de bord.
Pour pouvoir calculer des indicateurs sur les usages et la gouvernance, ces chercheurs ont défini et mis en place sur chaque AMP des protocoles de collecte standardisés.
Ensuite, pour élaborer les tableaux de bord, tout le monde doit être à nouveau autour de la table. Il s’agit de traduire les statistiques en une présentation aussi peu technique que possible.

Quels résultats avez-vous obtenus ?
Il a fallu plus de deux ans pour mettre en place le test des indicateurs à partir d’outils génériques développés pour l’occasion, et harmoniser la collecte de données entre sites. Les fiches techniques par indicateur et les tableaux de bord seront achevés en mars 2011 pour la restitution finale du projet.