Pilat

Contre l’isolement et la précarité

 

Espaces naturels n°39 - juillet 2012

Le Dossier

Moune Poli
Rédactrice en chef

 

La Maison de la mobilité du Pilat agit en faveur de modes de déplacements alternatifs à « l’autosolisme ». Elle vise la qualité du lien social.

Pomponée, maquillée… Comme tous les matins à 8 h 10, Jocelyne franchit sa porte. Cette jeune retraitée, pourtant, n’a plus aucune contrainte : divorcée, sans enfant… le temps lui appartient. Le temps, mais également le risque d’isolement social. Petit câlin au chat, elle descend l’escalier afin de retrouver la bande de gosses qui guette son arrivée pour conduire le pédibus jusqu’à l’école. « Je fais cela pour être utile, et pour garder la forme aussi. » Rachel Voron, une des deux chargées de mission de la Maison de la mobilité du Pilat (Mopi) et agent du parc, travaille à la dynamique de ce service peu ordinaire. Elle renchérit : « Une vie sociale s’installe. Les réunions pédibus, faut voir… c’est un très joyeux bazar ! Et puis, cela a valeur d’exemple. »

Covoiturage. Ce codéplacement pédestre fait écho au service covoiturage impulsé, lui aussi, par la Mopi. Réponse économique à la question du déplacement sur le vaste territoire rural du Parc naturel régional du Pilat, le covoiturage permet à nombre de personnes, dépendantes de leur conjoint ou enfants, de retrouver une certaine liberté. Les lignes de bus ne couvrent pas tout le territoire et, pour les personnes âgées notamment, le service est une aubaine. L’autonomie retrouvée déclenche même de la joie, témoigne la responsable de la Mopi.
La mobilité partagée s’organise soit autour de demandes ponctuelles (une personne qui doit aller chez le médecin, ou faire des courses en ville), soit autour de déplacements réguliers tel le trajet domicile/travail. C’est le cas d’Isabelle qui « aime partager un moment agréable et régulier avec des personnes que, dans d’autres circonstances, elle n’aurait jamais rencontrées. »
Même enthousiasme pour Maïlys qui utilise le service depuis un an. « Dans mon école, il n’y a pas d’internat et je n’ai pas le permis… Restait la solution du studio en ville. Mais mes parents ne pouvaient pas faire face à ces dépenses, et de toute manière, je me sens trop jeune pour habiter seule. Alors, je covoiture, on discute… C’est sympa. Cela m’autorise aussi plus de souplesse horaire que le bus. Je ne suis plus dépendante de mes parents qui devaient faire sept kilomètres matin et soir pour venir me chercher. »
Après une enquête approfondie sur les déplacements des habitants, la Maison pour l’emploi Loire Sud a également inauguré des solutions moins conventionnelles : le prêt de cyclomoteur ou de vélo pour les personnes à la recherche d’un emploi. Le service est plébiscité par les jeunes qui ont investi l’outil comme un espace de liberté. Certaines autres communes (1) ont emboîté le pas, offrant des services de location de mobylettes.

Action citoyenne. L’idée de mobilité alternative prend sa source sur un fort terreau de militants « du lien social » dont l’action s’est trouvée renforcée avec la création de l’association Pilattitude. Celle-ci, en lien avec le parc, porte l’esprit du projet.
L’association fonctionne avec des bénévoles, personnes relais qui connaissent leur territoire et le quotidien de ses habitants. Rachel Voron leur rend hommage : « Aujourd’hui nous proposons des formations au covoiturage aux secrétaires de mairie. Si les collectivités locales s’emparent de ces questions, nous aurons gagné. » •

1. Communauté de communes du Pilat rhodanien. Région de Condrieu.