Repères pour l’aménagement

Vélo : aménager sans dénaturer

 

Espaces naturels n°39 - juillet 2012

Le Dossier

Nathalie Vicq-Thepot
Meddtl

 

Les itinéraires cyclistes connaissent des hausses de fréquentation exceptionnelles, année après année. Conseils de bon sens pour l’aménagement de voies cyclables…

Dans les années à venir, le vélo itinérant va connaître un large développement : c’est ce que laissent augurer plusieurs études récentes conduites sur des itinéraires nouvellement aménagés comme le Tour de Bourgogne à vélo, la Loire à vélo et le Canal des deux mers (voir encart). Ces perspectives posent la question des aménagements cyclables.
D’autant que les itinéraires en question, pour la plupart prévus dans les schémas de véloroutes et voies vertes, traversent de nombreux espaces naturels ou paysagers remarquables.

Recommandations. Un travail mené avec les représentants des acteurs de ces aménagements, aménageurs, responsables territoriaux et services de l’État, a permis de dégager des recommandations pour la réalisation de voies cyclables respectueuses des milieux, de la biodiversité et des paysages, tout en étant adaptées aux besoins des cyclistes.
À quoi devrait ressembler la voie cyclable idéale pour la découverte tranquille des paysages remarquables et des milieux naturels ? Son tracé doit être pensé très en amont avec les responsables des diverses protections, en fonction de la fragilité des sites rencontrés sur l’itinéraire. Elle emprunte le plus souvent d’anciens chemins ruraux, permettant ainsi la découverte de lieux qui ont une histoire tout en évitant des saignées contribuant au morcellement des habitats naturels. Elle a une largeur modeste et des bas-côtés enherbés. Il n’existe pas de norme de largeur de voie cyclable mais des recommandations (véloroutes et voies vertes, Certu…). Ainsi, concernant les espaces protégés, on peut se référer à celle édictée par le ministère en charge de l’écologie, élaborée dans un cadre concerté. Elle vise une largeur de 2,50 m, ce qui permet à deux cyclistes avec sacoches de se croiser.

Élément du paysage. La voie, qui doit constituer elle-même un élément du paysage, serpente éventuellement entre des arbres qu’il n’est pas utile d’abattre, adaptant son tracé au site et non l’inverse. Les ouvrages d’art comme les passerelles, les ponts ou les murets sont laissés tels quels ou créés avec une taille proportionnée à la voie : c’est le cycliste qui s’adapte et met éventuellement pied à terre au passage d’une voie d’eau.
Le revêtement d’une piste cyclable est réalisé avec les matériaux du secteur, à base de calcaire ou de sable tassé et stabilisé avec un liant qui lui permet de garder sa teinte naturelle. Enfin, la signalétique se fait discrète, à hauteur de visage de cycliste, avec des panneaux de taille miniature bien adaptés à la distance et à la vitesse qui respectent la signalisation officielle.
Précisons que le non-aménagement s’avère parfois pertinent dans les espaces particulièrement fragiles qu’il est préférable de faire contourner par les nombreux cyclistes en laissant des passages plus intimes non aménagés connus des seuls initiés.
Le vélo itinérant participe pleinement de l’écomobilité en permettant un nouveau type de découverte du territoire. Il peut être développé dans ou le long des espaces remarquables. À condition d’en respecter les protections, dans l’esprit comme dans la lettre, et de cibler les cyclistes découvreurs plutôt que les sportifs. Lesquels préfèreront faire des pointes de vitesse sur les petites routes bitumées. •