C’est crucial

Accéder aux sites sans voiture

 

Espaces naturels n°39 - juillet 2012

Le Dossier

Patricia Varnaison Revolle
Chef du département déplacements durables. Certu.

Le nombre de vacanciers a doublé en France en quarante ans, passant de 20 à plus de 40 millions entre 1964 et 2004 (1). Ce développement s’accompagne aussi d’une modification importante des comportements. Les touristes partent de plus en plus souvent et de moins en moins longtemps. Ainsi la proportion d’allers-retours de longue distance dans la journée est en hausse et ces déplacements sont bien souvent réalisés en voiture. Les déplacements touristiques représentent ainsi près de 30 % des kilomètres annuels du parc automobile français (2). Attractifs pour les touristes, les sites naturels accueillent souvent des excursionnistes, venus pour la journée. Les problèmes se posent peu à l’intérieur des sites où la plupart des circulations sont piétonnes. En revanche, ces sites peuvent être soumis à des fréquentations importantes et à un certain envahissement automobile, du fait d’un nombre d’accès souvent limité et générant des engorgements de voies et de zones de stationnement. Par ailleurs, du fait d’un élargissement important des aires urbaines, certains parcs ont aussi à prendre en compte les déplacements domicile-travail de nouveaux habitants. Ces phénomènes peuvent constituer une atteinte physique et esthétique aux sites et contribuer à terme à leur désaffection et donc à la baisse de l’activité économique locale. La question de l’organisation des déplacements devient alors un enjeu à la fois environnemental et économique et c’est bien la question de l’accessibilité aux sites qui devient cruciale. Les responsables de ces territoires ont donc intérêt à développer des actions d’écomobilité, prenant en compte l’ensemble de la chaîne de déplacement. Des offres spécifiques de mobilité peuvent être conçues pour les habitants des sites et adaptées aux touristes selon les périodes : développement de navettes saisonnières dans les stations touristiques, centrales de réservation multimodales, offres de services mixant autopartage et locations de véhicules familiaux… Ces enjeux sont d’autant plus importants que la pression pourrait croître sur les espaces naturels français, du fait de l’augmentation du nombre de jeunes retraités consommateurs de loisirs, mais aussi de la hausse du prix de l’énergie et des phénomènes de crise. Les années 2008 et 2009 ont ainsi été marquées par une augmentation des consommations touristiques de proximité, au détriment de déplacements à l’international. Faudra-t-il un jour réguler l’accès à ces sites ? •

1. Source : Mission interministérielle de l’effet de serre. • 2. Source : Les mobilités touristiques, Centre d’analyse stratégique, 2010.