Arracher une si jolie plante
Pour éviter la propagation des espèces, il faut absolument convaincre le grand public.
Lors d’opérations de maîtrise de pestes végétales, les gestionnaires d’espaces naturels se heurtent souvent à l’incompréhension du grand public. Dans certains cas, cela peut même représenter une entrave à l’action. Or, les invasions biologiques constituent à l’échelle planétaire un grave danger pour les espèces indigènes, les habitats naturels et les paysages. Certains milieux naturels sont plus particulièrement touchés comme les zones humides et le littoral. Face à ces menaces, les gestionnaires se doivent d’intervenir de préférence rapidement pour éviter une propagation de ces espèces. De plus, il s’agit d’une obligation légale découlant de directives internationales ratifiées par la France. La majeure partie (environ deux-tiers) des plantes introduites dans notre pays l’a été volontairement, souvent pour l’ornement. Leur esthétique, au moins au moment de la floraison, est donc indiscutable. Mais cet argument doit être relativisé par la connaissance des problèmes sérieux et divers posés par la prolifération des pestes végétales : atteinte à la santé publique, dégâts graves sur les milieux naturels, entraves à certaines activités professionnelles ou de loisirs, coûts élevés des opérations d’éradication. Il est donc particulièrement important de faire prendre conscience aux gens des risques et des enjeux relatifs à ces belles envahisseuses. Convaincus, ils comprendront mieux le travail des gestionnaires d’espaces naturels, mais deviendront également acteurs, en évitant d’acheter et de propager ces plantes. C’est pourquoi le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles, service du Parc national de Port-Cros, s’est lancé dans la communication sur ce thème depuis 1995. Elle était d’abord surtout orientée vers nos partenaires (Office national des forêts, Conservatoire du littoral et des rivages lacustres…) et les spécialistes de la conservation (colloques, publications spécialisées). Puis, pour les raisons précédemment invoquées, elle s’est davantage tournée vers le grand public. Le message est développé à la faveur de conférences spécifiques organisées par des associations de protection de la nature ou des communes. Mais il peut aussi être délivré lors de visites guidées ou d’exposés plus généralistes, au cours desquels ce problème est illustré. Enfin, divers documents viennent compléter ces actions. Une plaquette 1 de présentation de 15 pestes notoires des régions Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur vient d’être élaborée par le Conservatoire botanique national. La collaboration de nombreux professionnels concernés permet de proposer des listes de végétaux de substitution, indigènes ou exotiques, et ouvre la voie d’une très utile collaboration.