>>> du diagnostic à l’action

Méthodologie

 
Envahissante ? L’éradiquer ou la réguler…

Espaces naturels n°5 - janvier 2004

Le Dossier

Adaptation de la fiche méthodologique, réalisée pour la jussie, par le Conservatoire botanique national méditerranéen de Porquerolles

 

La question des plantes envahissantes débute toujours par la même question : « Quelle est la gravité de la situation ? » Faut-il éradiquer la plante et... est-ce possible, ou doit-on la maintenir à un niveau de présence acceptable ? Seul un diagnostic permet de répondre sereinement à ces questions. Il permet en outre d’envisager l’avenir et de préparer un suivi adapté à l’objectif poursuivi.

Envisager, d'une manière globale, les problèmes posés par la colonisation d'un site par une plante envahissante, c’est possible… À condition toutefois d'effectuer un diagnostic, préalable à toute proposition d'action. Pour agir efficacement, ce diagnostic doit être établi pour chaque unité de gestion, celle-ci étant entendue comme une surface sur laquelle les conditions de milieu et les usages sont relativement homogènes. Les objectifs et les moyens de gestion de cette unité doivent, eux aussi, être homogènes.
Différents facteurs devront alors être pris en compte, qui permettront de cerner les caractéristiques de la colonisation puis celles de la gestion du site.
Précisément, il est important d’évaluer le niveau de nuisance ainsi que le niveau de risque provoqué par l’envahissante.
Caractériser la colonisation
Effectuer un diagnostic, c’est en tout premier lieu être capable de caractériser la colonisation, et donc se pencher sur son origine. Est-elle ponctuelle ou régulière et continue ?
L'importance de cette contamination sera cernée par la réponse à d’autres questions, telles que le nombre d'unités de gestion touchées par le recouvrement des envahissantes, le type de surfaces concernées (surfaces continues ou par taches ?). Selon les moyens et l'intérêt, ce travail donnera lieu à une cartographie précise ou à une description plus rapide, en utilisant par exemple des classes de recouvrement.
Mais le gestionnaire devra également se pencher sur les relations avec les zones avoisinantes. Il cherchera à déterminer un degré de risque de propagation et à envisager des possibilités d'isolement.
Caractériser la gestion
La gestion du site devra également être appréhendée comme un facteur déterminant du diagnostic. Il convient, en effet, de cerner les facteurs influençant l’espèce envahissante et les possibilités d’agir sur son développement ou sa régression.
Diverses hypothèses de travail devront être analysées : enlèvement plus ou moins systématique des plantes, traitements physiques ou chimiques. On n’oubliera pas de prendre en compte des éléments techniques, telle la possibilité d’accès pour des engins mécaniques. La portance des sols, la taille des chemins sont des éléments primordiaux lorsqu’il s’agit de traiter ou encore évacuer les résidus.
Enjeux liés au site
Une colonisation identique conduira à un diagnostic différencié en fonction des usages et intérêts du site. Ainsi le gestionnaire prendra-t-il en compte les intérêts biologiques et écologiques, les usages. Souvent, d’ailleurs, ces usages sont perçus de manière individuelle, sans prise en compte de leurs interactions et de leur niveau de compatibilité.
Ne pas occulter non plus le cadre réglementaire : le site est-il classé, inscrit, s’agit-il d’une réserve naturelle, d’une réserve volontaire, d’un Sage1 ?… Ce cadre influe à la fois sur les objectifs de gestion du site, mais également sur les moyens techniques à mettre en œuvre et sur les procédures.
L'usage de produits chimiques est souvent interdit dans les réserves ; il peut l’être dans le cadre d'un Sage, il est obligatoire de demander une autorisation de travaux pour un site classé…
Les objectifs prioritaires du site et de chaque unité, tels que définis par leur gestionnaire, sont eux aussi à prendre en compte. Pratiquement, toutes ces indications seront reportées sur une feuille type, de manière à n'oublier aucun élément.
Alors les gestionnaires devront et pourront définir précisément les objectifs de lutte contre l’envahissante : s’agit-il de l’éradiquer, de la réguler ou de la maintenir à un niveau de présence acceptable ?