>>> réserve naturelle du Toarcien

Défendre le patrimoine biologique

 

Espaces naturels n°3 - juillet 2003

Droit - Police de la nature

Article écrit à partir de la contribution de Didier Poncet
Réserve du toarcien

 

Comment protéger une réserve naturelle géologique des risques de fouilles et de la dégradation ? La Réserve naturelle du Toarcien (Deux-Sèvres) a choisi de limiter la fréquentation. Drastique…

La formation géologique qui affleure dans la Réserve naturelle du Toarcien est nationalement réputée pour l’abondance et la diversité des ammonites (fossile)1. Comment, dès lors, prévenir les fouilles sauvages et limiter la dégradation des sites, dont l’altérabilité naturelle est déjà très forte ? Pour préserver au mieux la coupe type du Toarcien, le décret de création (1987) mais aussi des décisions prises par le comité consultatif de la Réserve naturelle mettent en place deux dispositions complémentaires.
Elles prévoient, en premier lieu, de fermer chacun des deux sites par la pose d’un grillage haut tendu (2 m). Possible, en raison de l’étendue restreinte des sites (± 3 000 m2), la mise en place d’une telle clôture devait permettre d’éviter les déprédations liées à l’activité des amateurs de fossiles. Ceux-là, en excavant les marno-calcaires toarciens, contribuent à déstabiliser les fronts de taille. Une autre réglementation rigoureuse prévoit l’interdiction de prélever des fossiles et des échantillons.
Bien qu’inadéquat avec l’image d’une réserve naturelle, la pose d’une clôture a grandement contribué à préserver le stratotype du Toarcien. Il y eut bien, durant l’hiver 1995, le constat d’une fouille sauvage, d’ampleur significative. Mais il convient de la mettre en parallèle avec la parution d’un article qui, dans la presse locale, annonçait la découverte d’une vertèbre d’ichtyosaure (reptile marin) sur la réserve. Cette médiatisation aura probablement réveillé l’ardeur de collectionneurs en quête d’objets paléontologiques.
Quoi qu’il en soit, les éboulements voire les affaissements ont été limités et seule, en période hivernale, la succession gel/dégel a pu occasionnellement contribuer au recul des fronts de taille. Bien entendu, un tel dispositif sous-tend une accessibilité contrôlée des sites. En clair, pour pénétrer sur la réserve naturelle, les visiteurs (au rang desquels les enseignants et leurs élèves) doivent en faire la demande et signer un registre.
La réglementation qui interdit d’échantillonner s’adresse, quant à elle, aux visiteurs non accompagnés par la personne en charge des animations. Là encore, malgré une fréquentation annuelle de l’ordre de 1 700 à 2 200 personnes, aucun écart n’a été constaté. Et, si les prélèvements d’échantillons sont tout de même possibles, ils doivent répondre à des fins scientifiques et obtenir l’avis favorable du comité consultatif de la réserve naturelle. Ce fut le cas des programmes de recherche engagés successivement par les universités de Dijon en 1997, puis de Lyon I en 1999.

1. voir Minéraux & Fossiles, n° 145-146, 1987.
2. Au titre des articles L. 341-1 s. du code de l’environnement