Un été de contrastes pour la biodiversité

 

Espaces naturels n°64 - octobre 2018

Édito

Par Michaël Weber, président de la Fédération
des Parcs naturels régionaux de France,
président du Parc naturel régional des Vosges du Nord,
maire de Woelfling-lès-Sarreguemines

Été de contrastes ! Été de prise de conscience ? Voilà comment je résumerais ces trois derniers mois. Alors même que toutes les études montrent un recul sans appel de la biodiversité, quand toutes les espèces dites ordinaires se raréfient dans nos campagnes, le ministre Nicolas Hulot a lancé un plan sans précédent pour la biodiversité. Les Parcs naturels régionaux (PNR) alertent depuis longtemps les pouvoirs publics sur la situation qui se dégrade. L’originalité des PNR c’est de défendre une certaine vision de l’interdépendance entre l’Homme et la Nature. C’est aussi l’esprit qui anime les travaux de la Conférence des aires protégées que je préside au sein de l’Agence française pour la biodiversité. Au-delà du Plan biodiversité, quels sont les enjeux que défendent les Parcs pour réussir ce défi ? 

D’abord le combat dans l’opinion. Il nous faut sans relâche vulgariser le sujet, de façon simple et compréhensible par nos concitoyens. Il faut en faire des observateurs avisés de leur environnement. Nous devons nous adresser aux habitants de nos campagnes et amener la question environnementale au coeur des villes. Amenons le citoyen à agir en conscience ; qu’il comprenne que la manière dont il se nourrit, se déplace, se loge, se chauffe, se soigne… impacte la biodiversité.

De plus, nous ne prenons pas suffisamment en compte les difficultés quotidiennes des acteurs locaux. Ces derniers, en particulier les élus, perçoivent encore les questions environnementales comme accessoires et leur traduction concrète comme contraignante. Après 23 ans de mandat local, il m’arrive d’entendre les élus pouffer de rire quand un aménagement est interdit en raison de la présence de l’Azuré des paluds ! Quand nos habitants en feront un véritable enjeu, les élus locaux en tiendront compte dans leurs projets politiques. 

Le dernier enjeu revient à l’État. La démission du ministre Nicolas Hulot montre les limites de l’exercice. Un seul exemple. L’utilisation des pesticides dans l’agriculture devait diminuer sur les cinq dernières années, or elle a augmenté de 18 %. Les outils fiscaux eux aussi sont totalement inadaptés. Il faut instaurer une fiscalité incitative pour ceux qui mettent en place des politiques vertueuses, et très défavorable pour tous ceux qui portent atteinte à l’environnement. 

Fidèle à la maxime des Parcs, il nous faut « convaincre plutôt que contraindre » avec l’espoir que prochainement nous puissions constater une reconquête de biodiversité dans nos villes et nos campagnes.