Évolution adaptative

 

Espaces naturels n°68 - octobre 2019

Des mots pour le dire

sebastien.barot@ird.fr, millsonia.free.fr

Par Sébastien Barot, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD)

Par Sébastien Barot, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD)

L’évolution darwinienne des organismes est à l’origine de toute la biodiversité et continue à opérer. Cette évolution joue un rôle particulier parmi l’ensemble des processus gouvernant les dynamiques écologiques. D’une part, les changements évolutifs déterminent les caractéristiques des organismes, leur phénotype (les traits que l’on voit comme, par exemple, leur taille, leur stratégie de reproduction) et, indirectement, les relations qu’ils nouent avec d'autres organismes. On ne peut donc pas prédire les dynamiques de la biodiversité en considérant que les organismes garderont toujours les mêmes caractéristiques. De plus, les dynamiques évolutives sont moins réversibles que les dynamiques purement écologiques, parce qu’elles impliquent des changements génétiques. D’autre part, les conditions environnementales peuvent modifier momentanément, par plasticité, le phénotype des individus au sein de ces populations. Ainsi, si les conditions sont bonnes, les plantes vont développer une plus grande surface foliaire ou les oiseaux seront plus gros… Mais quelques mois plus tard, sous des conditions moins bonnes, les plantes et les oiseaux pourraient retrouver leurs caractéristiques de départ. De plus, les dynamiques évolutives peuvent être adaptatives. Par exemple, il a été montré que la pêche intensive avait changé les stratégies de reproduction de nombreux poissons (par exemple l'âge de la maturité sexuelle) par des mécanismes évolutifs adaptatifs et que ces poissons ne retrouvent que très lentement leurs stratégies initiales si on cesse la pêche.

"Ce type d’évolution influence la dynamique des espèces."

 Dans un processus d’évolution adaptative, si une espèce subit de nouvelles conditions environnementales, les individus qui ont des caractéristiques favorables produisent plus de descendants et leurs caractéristiques phénotypiques (et les changements génétiques impliqués) se répandent au sein de l’espèce. Ce type d’évolution infl uence la dynamique des espèces, leur permettant souvent de se maintenir malgré les changements d’environnement. De ce fait, faire des efforts de conservation, notamment par la création d’aires protégées, nécessite en même temps de préserver les capacités d’adaptation des espèces, au moins en maintenant leur diversité génétique, et donc leur potentiel à continuer à évoluer en milieu changeant.