Il ne s’agit pas de visites guidées mais de vraies rencontres. Dans le Pas-de-Calais, il est possible d’être accueilli par un habitant qui, comme on discute avec un ami, vous guide pour vous faire découvrir son coin, sa région, dont il est (n’en doutez pas) amoureux.
On les nomme greeters, traduisez habitant qui fait visiter sa ville ou sa région à de petits groupes, en général des familles. Bénévolement bien entendu. Ils sont passionnés par l’architecture, le patrimoine naturel, marin ou minier, la gastronomie, le football… autant de thèmes qui s’adaptent aux centres d’intérêt du visiteur et aux passions de celui qui l’accompagne.
L’initiative de cette activité participative revient au comité départemental du tourisme du Pas-de-Calais (CDT). En 2004, celui-ci cherche à repositionner son offre sur les bases d’un tourisme durable. Il veut également donner de son territoire une image valorisante s’appuyant sur des valeurs humaines. Séduit par l’exemple du Big Apple Greeter, où des habitants new-yorkais volontaires rencontrent et accompagnent des visiteurs, le temps d’une balade dans leur ville ou leur quartier, le CDT lance l’appel.
Quatorze habitants se déclarent prêts à s’impliquer dans le projet. Leur association est créée en 2009 et, aujourd’hui, ils sont quarante-cinq répartis sur tout le département.

Les greeters ne sont pas des guides. Volontaires, ils ne perçoivent aucun pourboire. Le temps d’une balade, ils partagent leurs connaissances et anecdotes. Dans une convention avec le comité départemental du tourisme, ils s’engagent à accueillir au maximum six personnes afin que chaque rencontre demeure personnalisée.
C’est ainsi que Colette avoue : « Je ne suis pas férue d’histoire mais je connais les choses qu’il faut voir et auxquelles on ne pense pas toujours. » Tandis que Christine, passionnée de nature, conduit ses presqu’amis sur les sentiers peu connus du village de Bouvelinghem.
Mais, même dans les endroits plus touristiques du département tels que la Côte d’Opale, les greeters emmènent leurs visiteurs hors des sentiers battus. Il est alors possible de découvrir des choses dont eux seuls savent parler.
Certains greeters proposent aussi de se balader sur la côte pour en apprendre plus sur l’anthroponymie et la toponymie, ou encore sur l’utilisation du bois flotté.
Patrick, héritier de l’histoire et de la vie des mineurs, marche devant, sur le terril de Nœux-les-Mines… « Je suis là pour parler d’amour. D’amour de mon patelin où je suis né, où j’ai vécu. Mais sans être nostalgique ! C’est juste une manière de respecter et transmettre le passé », explique-t-il.
Ces passionnés attirent l’œil des visiteurs sur des lieux et des thématiques qui sortent du commun. Ils leur livrent l’âme des lieux.
En termes économiques, l’activité des greeters n’est pas sans impact. Ils permettent de développer le tourisme dans certains lieux dont l’activité est limitée.
Une convention est cependant passée entre le comité départemental du tourisme et les offices de tourisme du Pas-de-Calais afin que leur action n’entre pas en concurrence avec celle des guides conférenciers.

Sur le site internet, les interviews et portraits des greeters indiquent leurs centres d’intérêts. Le visiteur peut, par ce biais, choisir l’habitant qu’il souhaite rencontrer.
Une chose est sûre, actifs ou retraités, de tous âges et horizons, les greeters ont un point commun : ils sont bavards. Bénévoles, ces volontaires « trouvent leur compte » dans le rapport humain. Ils forment une joyeuse communauté qui se réunit régulièrement sous l’égide du comité départemental du tourisme, animateur du réseau.
Ces échanges, conviviaux, permettent d’ajuster l’activité aux attentes de ses membres. Des idées devraient bientôt voir le jour comme le projet Interreg Greet the World alliant le Kent County Council, le programme visant à développer l’accueil dans la région transmanche à l’occasion des Jeux olympiques de Londres en 2012.