Le management via l’informatique

 
Un projet cartographique pour souder son équipe
Le Dossier

Xavier Gayte
Directeur du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie

 

L’outil de spécialistes, destiné à des personnes « géo-compatibles », s’est transformé. Désormais, la conduite d’un projet de cartographie informatique permet aux différentes cultures métier d’échanger. L’efficience est à la clé.

La pluridisciplinarité effective ! Telle est la force des équipes œuvrant dans les structures gestionnaires d’espaces naturels. Leur manager doit d’ailleurs promouvoir tous les dispositifs permettant le partage d’information, la compréhension réciproque et la fierté de communiquer ensemble. Parmi eux : les outils de cartographie informatique.
Ma fonction de directeur du Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie (depuis quatre ans) et, précédemment, celle de directeur-adjoint du Parc naturel régional du massif des Bauges (pendant trois ans) m’a, en effet, permis de constater l’évolution du rôle de la cartographie informatique et des bases de données associées. Autrefois simple outil technique, ces savoir-faire sont aujourd’hui devenus une véritable ressource en termes de management.

La fin de la rétention d’information. Le partage de l’information au sein d’une équipe pluridisciplinaire constitue en effet, un enjeu fondamental. Certes, pour des raisons d’efficience (l’information doit circuler) mais également parce que l’échange permet aux différentes cultures et approches métier de se confronter.
Il y a huit ans, la cartographie constituait un des maillons de la chaîne « technique » des plans de gestion ou des documents d’objectifs. Mais les évolutions des outils cartographiques (multiplicité des couches, mises à disposition et partage souples) leur permettent à présent de servir de base à la réflexion collective et à la gestion de projet. La construction d’une carte, par exemple, peut constituer le fil rouge d’un programme, les éléments de contrôle de son avancement et la confirmation du partage d’information entre les acteurs du projet.
Par ailleurs, la confrontation des données afin de les restituer sur un support cartographique commun (par exemple, carte 1/25 000e) permet à toutes les composantes de la gestion d’un programme de co-construire et de partager un document.
Du directeur s’appuyant sur une carte de situation pour présenter le projet, jusqu’au scientifique transférant les données GPS de ses relevés naturalistes, en passant par l’animateur foncier repérant les unités foncières, la carte offre le support permettant de « faire parler » des données thématiques multiples. De plus, la paternité des réalisations d’une équipe pluri-disciplinaire peut faire l’objet de discussions légitimes entre ses membres. Les cartes de synthèses et les analyses croisées entre plusieurs sources d’information font de ces réalisations des objets « génétiquement pluri-paternels ».

La communication démultipliée. En termes de communication, les dispositifs actuels de cartographie en ligne permettent de livrer des données complexes de manière ludique. L’outil de spécialistes, destiné à des personnes « géo-compatibles », s’est transformé. Il permet à présent de faire découvrir, en quelques clics, des informations que des non-initiés auraient été incapables d’exploiter. Cette composante des systèmes d’informations géographiques permet d’impliquer des acteurs (responsable de la communication, élus…) qui se seraient plus difficilement penchés sur l’information géographique. Le succès de Google Earth ou du Géoportail témoigne du passage de cette thématique dans le grand public.
Si l’évolution des savoir-faire permet bien des choses, ce sont néanmoins les hommes qui font les projets. L’utilisation du SIG dans le management dépend tout autant de la compétence technique du spécialiste « Sigiste » que de sa capacité à entendre les questionnements et les problématiques et à travailler avec tous les membres de l’équipe. Ce poste anciennement très technique devient un poste éminemment transversal au même titre que le responsable administratif et financier ou le chargé de communication. Ce passage n’est pas toujours facile mais peut s’avérer d’un grand intérêt pour la dynamique d’une équipe pluridisciplinaire gérant les milieux naturels.