Le dossier lu par... Laurent Marseault

 

Espaces naturels n°59 - juillet 2017

Le Dossier

Laurent Marseault, directeur de Outils réseaux, laurent@outils-reseaux.org

© Thomas Gendre

© Thomas Gendre

QUE SERIONS-NOUS SANS LES DONNÉES NATURALISTES ?

Préserver la biodiversité, la nature et sa somptueuse beauté, quel objectif plus légitime et plus fédérateur ? Voilà bien là de quoi transcender les logiques de structures, de quoi inciter les naturalistes à coopérer face à ce défi superbe et brûlant. Il en va même possiblement de notre propre survie si nous considérons que nous sommes inter-dépendants de ce somptueux ballet d’espèces et d’espaces.

Et que seraient nos actions sans les données naturalistes ? De simples croyances, auxquelles tout scepticisme serait opposable. Sans partage sincère de ces données, nous lâchons simplement le frein de cette course folle vers la prochaine extinction de masse ! Qui ne serait pas d’accord ? Et pourtant, de nombreuses questions se posent :

Les données de l’amateur peuventelle se mêler à celles de l’expert ?

Les logiques économiques monétaires basées sur la propriété sontelles compatibles avec le partage ?

Est-il concevable que des données, souvent recueillies grâce à des fonds publics, ne soient pas partagées avec les citoyens et protégées comme des biens communs de l’humanité ?

Les données tambouillées dans des bases de données toujours plus grosses ne perdent-elles pas l’histoire et l’intention indissociables de leurs observateurs ?

Le risque de donner largement accès est-il supérieur à celui de réserver les données sensibles à quelques initiés ?

Le dossier proposé ci-après permet d’aider à penser ces épineuses questions. Plus largement, la question pourrait peut-être se résumer ainsi : les données naturalistes doivent-elles rejoindre les communs de la connaissance et, ainsi, protégées et affichées comme tels, être diffusées le plus largement possible afin de former rapidement un corpus cohérent scientifiquement pendant qu’il en est encore temps ?

Le numérique nous permet maintenant de facilement « jouer » avec les données. De les traiter de manières diverses, d’y porter de multiples attentions, d’arrêter de vouloir tout traiter de manière centralisée, bref de partager le pouvoir de travailler sur cette cause suprême, non que nous soyons experts ou amateurs, simplement parce que nous souhaitons rester humains. Nous ne serons jamais trop nombreux pour y parvenir.