Réseaux

Confiance et respect des besoins

 

Espaces naturels n°59 - juillet 2017

Le Dossier

Laura Dami, Fondation Tour du Valat, dami@tourduvalat.org

Comment avoir une dynamique durable pour une base de données internationale ? Être attentif aux besoins de chacun… Le rôle de l'animation est essentiel.

Carte des sites suivis, avant et après la mise en place du Réseau d'oiseaux d'eau Méditerranée. Le nombre de points en bleu (nouveaux sites) témoigne de l’implication renforcée des acteurs nationaux dans le réseau. © M. Suet – Tour du Valat / ONCFS

Carte des sites suivis, avant et après la mise en place du Réseau d'oiseaux d'eau Méditerranée. Le nombre de points en bleu (nouveaux sites) témoigne de l’implication renforcée des acteurs nationaux dans le réseau. © M. Suet – Tour du Valat / ONCFS

Le Réseau oiseaux d'eau Méditerranée (ROEM)1, créé en 2012, vise à renforcer la qualité des données des dénombrements internationaux des oiseaux d’eau dans la région méditerranéenne, coordonnés par Wetlands International (WI). Ce réseau couvre les cinq pays d’Afrique du Nord, où il cherche à relancer des échanges un peu distendus avec WI. Comment avons-nous réussi à recréer la confiance nécessaire au partage des données ?

Une réunion initiale de concertation entre les coordinateurs nationaux des cinq pays, animée par la Tour du Valat et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), a permis de comprendre les besoins de chaque pays afin d’atteindre des objectifs partagés par tous :

accroître le nombre de personnes capables de compter les oiseaux sur le terrain ;

améliorer la saisie de données ;

accroître la reconnaissance des acteurs nationaux et de leurs données. Afin de répondre à ces besoins, le réseau a développé différents outils :

le premier guide moderne d’identification des oiseaux d’Afrique du Nord en langue arabe ;

des modules de formations sur la reconnaissance et le comptage des oiseaux d’eau en arable, anglais et français ;

la création d’une plateforme régionale de saisie de données, commune à tous et gérée collectivement, afin d’harmoniser la saisie ;

la réalisation d’un article scientifique2 majeur, co-signé par tous les coordinateurs nationaux et leurs principaux collaborateurs dans chaque pays. Une telle publication a contribué à la reconnaissance des recensements nationaux de tous les observateurs des différents pays. Les résultats du ROEM ont aussi fait l’objet de plusieurs autres communications internationales.

Tous ces outils, créés en collaboration étroite avec tous les partenaires et le soutien financier du MEEM, ont permis d’atteindre les objectifs du réseau, basés sur l’échange et le partage de données. Les réunions régionales annuelles consolident aussi cette collaboration.

Au-delà de la stratégie, un réseau est tout d’abord un lieu d'échange entre personnes, dans un contexte de collaboration sereine et participative. Le coordinateur régional facilite le partage des données et anime cette collaboration, sans monopoliser le crédit de l’action commune. Il est important de veiller à mettre en valeur le travail des différents collaborateurs et d'assurer une bonne diffusion de l’information. À partir de l'Afrique du Nord, le ROEM, qui couvre pour le moment la façade sud de la Méditerranée, s’ouvrira prochainement à l’échange et la collaboration avec le reste du bassin méditerranéen : un nouveau défi.

(1) Initialement connu sous le nom de DIOE-MED (Dénombrements internationaux des oiseaux d’eau en Méditerranée), www.medwaterbirds.net/page.php?id=35
(2) Premier article scientifique publié, résultat du travail participatif du Réseau : www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320716309788