Quelle base de données choisir ?
Manque d’outils performants ou défaut de coordination entre scientifiques et informaticiens ? Les aires protégées disposent d’une quantité impressionnante de données, papier ou informatisées, difficiles à traiter, à partager, à réutiliser en raison d’une organisation généralement confuse.
L’évolution des technologies de l’information vient bousculer la donne. Les nouveaux outils informatiques permettent d’exploiter pleinement ces données naturalistes. Certains de ces logiciels veulent répondre aux préconisations des directives européennes (Inspire, Aarhus) concernant la diffusion des données environnementales ; d’autres cherchent à se plier aux impératifs des conventions internationales qui visent à évaluer l’impact des politiques publiques.
Nombreux1 et parfois complexes ces outils sont plus ou moins adaptés aux besoins des utilisateurs. La question se pose : lequel choisir ?
Nous avons donc passé quatre d’entre eux au banc d’essai (tableau page 18).
1. BDN : Base de données naturalistes, portée par l’ONF. Les observateurs peuvent renseigner le logiciel en ligne à travers une interface ergonomique. Les données sont stockées dans une base de données administrée en central. Des protocoles d’observations naturalistes sont prédéfinis et l’administrateur peut en définir de nouveaux, de même pour les référentiels taxonomiques (Tela botanica, MNHN…), géographiques (IGN, MNHN) et méthodologiques. L’outil permet également de gérer les métadonnées, les synonymes, les statuts de protection, le niveau de diffusion et la validation des données avant leur diffusion. Un outil de webmapping intégré permet de saisir les données directement sur une carte et d’effectuer des requêtes géographiques. L’application a été développée sur des technologies open source. Le plus de l’outil ? La gestion des métadonnées. Paramétrable.
2. Ogreva : Outil géographique de recensement des espèces végétales et animales, porté par la Diren Corse.
Renseignées en ligne par des scientifiques, les observations sont ensuite validées avant d’être consultables par les chercheurs et le grand public (cartographie de synthèse). Les données stockées sont traitées par l’administrateur. Une interface dédiée lui permet de gérer les espèces, les utilisateurs et leurs niveaux d’accès, ainsi que les précautions prises pour que les données rendues publiques ne puissent pas être utilisées de manière malveillante. Le référentiel taxonomique utilisé est celui du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), celui des habitats Corine land cover.
Un outil de webmapping intégré permet de saisir les données directement sur une carte et d’effectuer des requêtes géographiques. L’application a été développée sur des technologies open source.
Les plus de l’outil ? Intégration Google Earth pour la version 3. Le serveur WMS (Web map service).
3. Serena : Système de gestion et d’échanges de données des réseaux d’espaces naturels, porté par Réserves naturelles de France. Les non-informaticiens peuvent créer et gérer facilement des bases de données faune-flore en les abritant sur un PC ordinaire ou un réseau local. Le format utilisé est très répandu (MS Access).
Le référentiel taxonomique de ce logiciel est cohérent avec celui du MNHN. Il peut être complété à partir d’un catalogue comprenant 1,5 millions d’espèces et disponible sur internet. Son fonctionnement prévoit la possibilité de relier plusieurs bases géographiquement
distantes, via internet.
Un module Carte propose un mini SIG permettant de gérer des images géoréférencées et le dessin de contours. L’intégration de Google Maps et du Géoportail permet également d’un clic de géolocaliser les observations.
Les plus de l’outil ? La simplicité de prise en main. La minimisation des coûts de développement et de maintenance (pas besoin de spécialistes et de serveurs). Un support utilisateur très réactif.
4. Sterne : Système territorial d’études et de recherches naturalistes et écologiques, porté par le Parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine.
Les observateurs renseignent en ligne leurs observations qui seront validées pour diffusion à différents niveaux (public, réseau Sterne ou privé). Les données sont stockées dans une base gérée par l’administrateur qui manage également les différents utilisateurs et leurs droits d’accès. Elles sont exportables en CSV et shape. Il est par ailleurs possible de les consulter et d’éditer des cartes de répartition par commune. De nombreux référentiels sont disponibles (Tela botanica, Fauna Europa, Corine Biotope, Eur15…). Un outil de webmapping intégré permet de les saisir directement sur une carte et d’effectuer des requêtes géographiques. L’application a été développée sur des technologies open source.
Les plus de l’outil ? La facilité de prise en main. La
photothèque.
Pour parfaire les critères de choix, on retiendra aussi qu’un chantier « Outils naturalistes » est actuellement ouvert. Il vise à présenter, à rendre lisibles et accessibles les outils de gestion de données naturalistes. Il veut également constituer un lieu d’échanges et de mutualisation via le net (www.outils-naturalistes.fr). Pour qui veut faire le bon choix en correspondance avec ces besoins, un espace met à disposition des outils d’aide à la décision. Un groupe de travail composé du Cemagref, de Tela Botanica et de l’Aten travaille à ce chantier. Depuis janvier 2009, les premiers porteurs de projets (les quatre structures définies plus haut) mutualisent leur travail sur cet espace.
1. En janvier 2008, le Cemagref recensait en France au moins dix-huit de ces solutions informatiques (www.naturefrance.fr). Cette étude, réalisée dans le cadre de la mise en place du Système d’information nature et paysage (lire page 13), souligne l’importance de rationaliser le développement des logiciels et d’améliorer la visibilité des outils déjà existants.