Exploiter la valeur économique d’espèces pour gérer la biodiversité

Préserver l’arnica et développer l’emploi

 
Parc naturel régional des ballons des Vosges
Aménagement - Gouvernance

Fabien Dupont
Parc naturel régional des ballons des Vosges

 

Plante médicinale précieuse, l’arnica est notamment récoltée pour fabriquer des baumes appliqués sur des zones traumatisées sans plaie. Une partie des récoltes provient des milieux naturels. L’arnica reste en effet difficilement cultivable et les propriétés médicinales sont plus développées dans les souches sauvages où sa présence signe une grande richesse écologique1 : la plante sert de bio-indicateur de l’état de conservation des milieux agropastoraux.

Cueillette. Au cœur du Parc naturel régional des ballons des Vosges, le site Natura 2000 des Hautes-Vosges abrite la plus grosse zone de cueillette en terrain naturel. Chaque année, une cinquantaine de cueilleurs interviennent pour le compte de six laboratoires. L’activité procure également des revenus à quatre communes propriétaires de chaumes. Cette très belle population d’arnica est toutefois menacée par l’intensification agricole des hautes chaumes. En effet, les surfaces de prés de fauche sont grignotées par l’urbanisation des vallées vosgiennes et les éleveurs sont à la recherche de nouvelles zones de production fourragère.
Aussi, afin de garantir la préservation de cette ressource précieuse, le parc a animé, dans le cadre de Natura 2000, la rédaction d’une convention qui définit des engagements entre tous les acteurs : propriétaires des terrains, laboratoires, cueilleurs, domaines alpins. Plus de 100 ha sont désormais conventionnés sur quatre communes propriétaires.
Ces dernières s’engagent à louer leurs terrains dans le cadre de commodats2, permettant d’asseoir des principes de gestion agricoles favorables à la plante. Les cueilleurs doivent respecter une charte de cueillette. Les agriculteurs, gardiens du temple, sont encouragés dans le cadre de mesures agri-environnementales à assurer une exploitation extensive des hautes chaumes : pâturage tardif, sans aucun apport d’engrais, amendement et, bien sûr, aucun pesticide.
Les signataires de cette convention ainsi que les éleveurs se rencontrent deux fois par an, avant et après la saison de cueillette, pour préparer puis tirer le bilan des récoltes.

Retombées. Parallèlement, le parc a mis en place un protocole de suivi des populations d’arnica et de leurs habitats, ainsi que des expérimentations afin de mieux cerner l’impact de la cueillette.
Dans l’avenir, le parc souhaite élargir cette convention à d’autres propriétaires communaux, mais également à d’autres espèces végétales recherchées en phytothérapie.
L’activité, qui génère de l’emploi contribue également à la conservation de milieux naturels riches en biodiversité, considérés comme rares ou menacés par l’Union européenne. La démarche a été récompensée en décembre 2010 par un Grand prix Natura 2000 décerné par le ministère de l’Écologie.

1. Pâturages des montagnes en contexte plutôt acide. • 2. Contrat qui établit qu'une chose est prêtée gratuitement sous réserve qu'elle soit rendue sans dommage.