Dégrader

Une question de point de vue

 

Espaces naturels n°63 - juillet 2018

Lecteurs penseurs

Une lectrice du Magazine du Vidourle, journal d’informations de l’établissement public territorial de bassin Vidourle, s’interroge sur une légende photo indiquant un terrier « dégradant » les berges. Anthropocentrisme, quand tu nous tiens !

Fidèle lectrice d'Espaces naturels, et amoureuse de la nature, je voulais partager avec vous quelques réflexions sur le vocabulaire utilisé couramment à propos de la biodiversité, et qui traduit encore, malheureusement, la perception d'une opposition homme / nature.

Vous recevez peut-être chez vous, comme moi, un journal d'information d'Établissement public territorial de bassin (EPTB). Me concernant, il s'agit de celui du bassin du Vidourle. Dans un numéro reçu il y a quelques mois, je vois une photo légendée «  terrier dégradant les berges  ». Ce mot de dégradation m'a choquée.

Il m'en faut peut-être peu... Un animal qui occupe son habitat est considéré comme un dégradateur  ? Certes c'est une dégradation du point de vue de l'humain qui a construit la berge. Mais il ne me semblait plus possible en 2018 d'être encore aussi anthropocentré. Surtout dans une communication publique. Entendonsnous encore reprocher à un oiseau d'avoir élu domicile dans notre arbre, ou à un puceron d'avoir colonisé notre potager ?

Je pensais qu'on commençait à comprendre qu'on pouvait vivre ensemble, en respectant la place de chacun. Que la place de l'homme parmi la biodiversité devenait une évidence. C'était trop optimiste. Voir que même des professionnels de la nature s'expriment de cette façon, cela donne une idée du travail qu'il reste à faire ! Je les invite donc à lire plus souvent Espaces naturels !

Pour finir sur une note positive, je voudrais citer le remarquable travail de l’EPTB du Vidourle autour de la culture du risque inondation, auprès de centaines d'élèves du Gard. Leur façon d'appréhender la nature comme ambivalente, dans ce contexte, me paraît, cette fois, beaucoup plus juste.