Ré-ensauvagement

 

Espaces naturels n°69 - janvier 2020

Des mots pour le dire

Gilbert Cochet et Béatrice Kremer-Cochet

Gilbert Cochet

Par Gilbert Cochet, professeur agrégé des
sciences de la vie et de la terre, auteur de
Ré-ensauvageons la France

Le ré-ensauvagement doit permettre aux écosystèmes de retrouver le maximum de leur fonctionnalité, avec les espèces et les habitats qui les caractérisent. Cette approche est en partie une réponse à deux changements majeurs dans les relations entre l’homme et la nature. En premier lieu, la notion de protection qui a permis à des espèces autrefois persécutées comme les rapaces et les grands prédateurs, de revenir donner vie à des territoires devenus simples paysages. En second lieu, la déprise agricole libère de vastes surfaces (30 millions d'hectares d’ici 2030 au niveau européen, soit 30 Yellowstone !) où une gestion très interventionniste montre ses limites. Aussi, ces espèces qui reviennent et ces territoires qui se libèrent sont à la base des phénomènes de retour du sauvage, dans un contexte d'acceptation plus grande par le public. Les préconisations pour tendre vers la plus grande richesse de la nature française et européenne sont assez simples. Chaque territoire doit offrir les meilleures conditions d’installation des espèces, spontanément ou grâce à un programme de réintroduction. La restauration des corridors écologiques doit s’envisager à grande échelle. Sur le vaste territoire européen, la libre circulation des espèces est la règle pour réussir une opération de ré-ensauvagement. Il faut rétablir le maximum de corridors naturels ainsi que des effectifs suffisamment importants pour favoriser la dispersion.

 

Les préconisations pour tendre vers une plus grande richesse de la nature française et européenne sont assez simples.

Pour les cours d’eau et leurs annexes, cela se traduit par un grand plan de restauration de la libre circulation des espèces et des sédiments à l'échelle du continent. Ne pas oublier que l’Europe, naturellement, est un continent boisé. Aussi, il convient de ne pas contrarier le retour spontané de la forêt partout où c’est possible. L’opération la plus audacieuse de ré-ensauvagement reste le retour des grands ongulés comme le tarpan, l’aurochs et le bison. Avant de les retrouver libres et sauvages dans nos paysages, il faut leur faire une place dans la tête des hommes ! Le ré-ensauvagement est un défi…