Animation

Se former pour changer d'idées

 

Espaces naturels n°61 - janvier 2018

Le Dossier

Christine Rollard, christine.rollard@mnhn.fr

Des ateliers pour dépasser sa peur, son dégoût, son rejet, Christine Rollard, chercheuse au Muséum national d'histoire naturelle, en anime sur les araignées, pour passer de la « sale bête » à la perception d’un monde soyeux.

Que d’appréhension pour certaines personnes quand elles se présentent à la porte du Muséum de Paris ! Que viennent-elles y chercher ? Tout simplement vivre mieux avec une nouvelle approche d’un animal qui les paralyse, les fait crier ou pleurer, les dégoûte… Pourquoi ces images négatives de l’araignée dans la tête d’un grand nombre, alors que d’autres sont plutôt admiratifs de leur aspect ou de leurs constructions en soie ?

« On a peur de ce que l’on ne connaît pas » indique un adage populaire. Alors découvrons ce qu’est leur univers. Là débute ma mission de diffusion des connaissances à travers ces rendez-vous individuels de désensibilisation ou à travers animations, ateliers, expositions, ouvrages ou conférences autour de ce monde soyeux.

« JE LES REGARDERAI DIFFÉREMMENT, ET JE NE LES TUERAI PLUS »

Leur diversité est insoupçonnée et ne se résume pas à la « grosse sombre et velue qui court vite » et nous surprend dans les habitations à l’automne. Le changement de perception de cet animal aux capacités étonnantes est progressif. En premier lieu, sauriez-vous dessiner une araignée ? La difficulté à la représenter est un exercice assez significatif de cette méconnaissance. À partir de sa morphologie, les deux parties du corps et les appendices qui s’y rattachent, on peut aborder les principales fonctions dans le mode de vie des araignées : relations avec l’environnement grâce à leur tégument et les multiples soies sensorielles qui le recouvrent, céphalothorax et vision, chélicères avec distinction entre mygales et autres araignées, ainsi que venin, avec la réalité sur le danger presque insignifiant, pédipalpes (ou pattes mâchoires) et nutrition ou copulation (différence mâle et femelle), pattes ambulatoires et locomotion, filières et production de plusieurs types de fils de soie avec leurs usages variés, etc. Élargissons cette approche avec des peluches, des photos, des observations sous loupe, à travers les vitres d’un terrarium ou sur le terrain, dans une atmosphère sereine et colorée.

Ces apports de connaissance vers le tout public permettent alors de les observer avec un autre regard, d’ouvrir son esprit et d’activer sa curiosité. « Hé, bien ! Je ne savais pas tout cela ». « Je n’aime toujours pas forcément leur aspect, mais je les regarderai différemment, et je ne les tuerai plus ». Quand ces réflexions fusent, me voilà ravie ! Le comportement change et on comprend mieux leur rôle essentiel dans l’équilibre naturel. En tant que prédateur à un niveau élevé dans la pyramide alimentaire, l'araignée participe à sa propre régulation ainsi qu’à celle de nombreux autres animaux lui servant de proies, essentiellement des insectes.

Au fil de leurs soies, les araignées sont de bons guides pour entrer dans l'univers de la nature au sein de laquelle nous évoluons, dont nous devons respecter tous les organismes qui la peuplent.