Réserve nationale de chasse et de faune sauvage des Bauges

Techniques pour capturer des cervidés en montagne à des fins scientifiques

 

Espaces naturels n°31 - juillet 2010

Méthodes - Techniques

Thierry Chevrier
Office national de la chasse et de la faune sauvage. CNERA cervidé-sanglier

 

La capture d’ongulés en montagne se heurte à des contraintes environnementales. Différentes techniques ont été testées dans le massif des Bauges1 (Savoie). Elles ouvrent des alternatives intéressantes en milieu accidenté.

Préalablement à toute opération, il est indispensable en milieu accidenté d’acquérir une connaissance annuelle aussi fine que possible des populations de cervidés (densité, taille des groupes, rythmes d’activités, milieux fréquentés, passages privilégiés, zones d’alimentation…) et de leur environnement (topographie, couvert végétal…). Il convient de choisir un bon emplacement. En effet, les conditions de capture seront d’autant meilleures que la densité d’animaux est élevée.
Les emplacements de pièges doivent être identifiés et préparés plusieurs mois à l’avance. Seront privilégiés les secteurs les plus fréquentés par les animaux et les plus faciles d’accès, peu ou pas soumis aux dérangements extérieurs (tourisme, circulation routière).

Le choix de techniques de capture dépend de plusieurs facteurs tels que l’espèce recherchée, les moyens humains disponibles, la saison, l’accessibilité des sites et bien évidemment les moyens financiers consacrés à ces opérations. Les animaux s’adaptant rapidement aux modifications de leur environnement en assimilant les risques que représentent les pièges, il est souvent préférable de combiner plusieurs techniques dans l’espace et dans le temps.
Les techniques de capture de cervidés testées en milieu accidenté ainsi que les recommandations concernant leur utilisation en montagne figurent dans les illustrations et tableau ci-contre.
Ces méthodes engendrent peu de mortalité chez les ongulés sauvages (1 %). Le suivi post-capture des animaux équipés de collier émetteur a permis de le confirmer. Certaines pathologies rares (myopathie de capture…) peuvent cependant découler du stress engendré par la capture.

Pour certains types de pièges (panneautage, filet tombant), l’utilisation de systèmes de surveillance radio, renseignant sur la fréquen-tation et le déclenchement du piège via un récepteur, est indispensable. L’utilisation de ces mêmes dispositifs améliore considérablement le contrôle des autres pièges (boîtes, enclos) au quotidien.
Les conditions de manipulation des animaux capturés dépendent de la technique de piégeage employée ainsi que du nombre de manipulateurs présents. Ce nombre doit être si possible supérieur à la quantité d’animaux à maîtriser. Le temps de maniement des animaux (mesures, prélèvements, pose de collier, relâcher) doit être le plus court possible (20 minutes en moyenne). Le recours à l’anesthésie totale de l’animal peut s’avérer nécessaire, lors des captures de cerfs par exemple.

Les enclos-pièges • Ces enclos grillagés de 2 m de hauteur pour le chevreuil et de 2,5 m pour le cerf sont installés de préférence sur des zones planes ou des replats en rupture de pente. Ils doivent être parfaitement intégrés à leur environnement. Le plus souvent, leur taille n’excède pas 20 m². Différents systèmes de portes peuvent être utilisés (guillotine, coulissante). L’installation de ces dispositifs peut nécessiter une logistique importante. Leur intégration à l’environnement des animaux demande plusieurs mois. La taille relativement importante de ces pièges peut permettre de capturer des groupes de cervidés. Ils nécessitent donc la présence d’un grand nombre d’opérateurs.

Le filet tombant • Ce piège est constitué d’un filet maintenu par une armature métallique de 10 m x 10 m. Relevé à 2 m de hauteur, le système est retenu soit par un mât central (cham’arche), soit par un câble tendu entre deux arbres. Le déclenchement s’effectue lorsque les animaux sont sous le piège. L’installation du dispositif en milieu partiellement boisé est relativement rapide et facile. En revanche, en milieu ouvert, il nécessite un mât porteur. Un opérateur doit également être présent pour provoquer son déclenchement.

Les boîtes ou cages pièges • Utilisées en hiver pour capturer des chevreuils, ces cages en bois (60 x 120 x 180 cm), sont munies de portes de type guillotine. Elles sont disposées prioritairement sur les zones d’hivernage des animaux, en forêt, lorsque le manteau neigeux recouvre complètement la végétation. Démontables en plusieurs panneaux, elles sont susceptibles de s’adapter à une large gamme de territoires et de situations. Ces installations demandent peu d’investissement humain. Toutefois, en cas de fort enneigement ou de gel prolongé, les dispositifs de déclenchement exigent un entretien plus fréquent.

Le panneautage (filets) • Le principe consiste à délimiter des enceintes fermées par des lignes de filets, à l’intérieur desquelles des rabatteurs (assistés ou non de chiens) poussent les animaux vers les filets. En montagne, les lignes de filets sont disposées en utilisant le relief et les éléments fixes du paysage : le long des pistes forestières et dans le sens de la pente lorsque cela est possible. Plusieurs équipes d’opérateurs mobiles, composées d’au minimum trois personnes réparties le long du dispositif, manipulent les animaux pris dans les filets. Le panneautage permet de capturer simultanément des individus de plusieurs espèces : chevreuils, chamois, mouflons… En revanche, cette technique est très coûteuse en personnel et en préparation (logistique importante). Par ailleurs, le gel et la neige limitent l’utilisation des filets.

1. La Réserve nationale de chasse et de faune suavage des Bauges est cogérée par l’ONCFS, l’ONF et le PNR du Massif des Bauges.