L’Agenda 21 au service du développement durable

 
Le Dossier

Ugo Toselli
Chargé de projets Économie responsable et tourisme - Agenda 21

L’Agenda 21 développé en Martinique vise un développement fondé sur la maîtrise des activités touristiques. Photo ci-dessus : marché de Sainte-Anne.

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Dotée d’une biodiversité exceptionnelle, la France est le premier pays visité au monde. Ses ressources doivent faire l’objet d’une politique exemplaire en matière d’exploitation touristique. À ce titre, les gestionnaires d’espaces naturels ont la difficile responsabilité de prévenir l’impact du tourisme sur l’environnement. Mais que faire, seul, face à l’enjeu touristique ? Que ferions-nous d’espaces naturels sous cloches ? Toutes les parties prenantes du territoire doivent agir de concert. Parler des attentes économiques et sociales, c’est élargir les responsabilités des parties prenantes au-delà de questions quantifiables et cantonnées à un espace visité. Pour les espaces naturels, la démarche Agenda 21 territorial (cf. encadré) constitue une réponse permettant aux acteurs locaux de se réapproprier leur destin dans une dynamique territoriale dont ils sont les décideurs. C’est le cas par exemple de la démarche engagée sur la commune de Sainte-Anne, au sud de la Martinique. Celle-ci abrite la plage des Salines et constitue le troisième site touristique français, avec deux millions et demi de visiteurs par an. Cette fréquentation induit des pressions et des risques non négligeables pour ce patrimoine naturel remarquable. Par ailleurs, l’équipe municipale veut que ces atouts de développement profitent à la population locale. Depuis 2000, le conseil municipal s’est donc engagé dans un plan de développement durable et solidaire, en y associant étroitement l’État, l’Europe et ses partenaires régionaux, tant publics que privés. Parallèlement, elle a impliqué fortement la population dans les travaux de diagnostic et d’outils de planification, en s’appuyant sur le conseil des sages (neuf élus), le conseil municipal des enfants (vingt-sept jeunes), le Forum intergénérations (deux cents personnes), construisant au fil des années une appropriation réelle des habitants. L’Agenda 21 local a été lancé en février 2003 avec la participation de plus de trois cents habitants puis il a convaincu d’autres élus de l’île à s’engager à leur tour. L’élaboration du plan de développement durable et solidaire (2000), de la Charte de l’environnement et de l’Agenda 21 (2003) traduisent un objectif de développement fondé sur la maîtrise des activités touristiques et des autres activités traditionnelles (agriculture, pêche, artisanat), la préservation des ressources naturelles, en particulier par la maîtrise foncière, le partage des retombées économiques et sociales et le renforcement des compétences, en particulier des jeunes, dans la perspective des emplois nouveaux générés par le tourisme durable (aquaculture, écotourisme…). La préparation et le lancement de l’Agenda 21 ont pu s’appuyer à la fois sur des diagnostics et des outils de planification (plan de développement durable et solidaire ; schéma d’urbanisme et d’aménagement ; plan de déplacement de la commune) et sur une approche sociale très volontariste, tant sur le plan de l’éducation des Saintannais que sur celui de l’identification d’emplois liés à la démarche. À l’aune de cet exemple, il s’agit maintenant pour les gestionnaires d’espaces naturels de s’inviter aux travaux en cours dans le cadre des Agendas 21 locaux. Pour savoir si votre commune, département ou région sont porteurs d’une telle initiative, vous pouvez accéder au portail des Agendas 21 en France (www.agenda21france.org) ou à l’observatoire des Agendas 21 locaux et des pratiques territoriales de développement durable (www.dd-pratiques.org).