La biodiversité en partage

 
Édito

Par Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

Certes, l'affaire n'est pas gagnée, mais la lucidité s'est inscrite dans les consciences. À part quelques climato-sceptiques pathétiques, nous savons désormais tous qu'il convient de revisiter notre mode de vie pour limiter le réchauffement climatique.

Concernant l'avenir de la biodiversité, il en va tout autrement. Les bilans catastrophiques semblent se noyer dans une indifférence sociétale assourdissante. Qu'importe les 420 millions d'oiseaux disparus du ciel européen en 30 ans, même sentiment à l'égard de la biomasse des insectes volants en chute de 76 % en 27 ans. Et que dire des 30 % des espèces de mammifères de France métropolitaine considérés comme quasi menacés ou menacés ? Las, les ONG naturalistes poursuivent bon gré mal gré leurs actions pour tenter de secouer l'indifférence. Elles disposent, dans leurs panoplies, de plusieurs leviers. Le premier d'entre eux vise à mobiliser l'opinion publique, elles le font avec détermination (à titre d’exemple, à elle seule, la LPO sensibilise 300 000 personnes, chaque année, dont 80 000 scolaires). À l’évidence, c'est avec une mutation des citoyens vers l'écocitoyenneté que nous progresserons.

Les biotopes à préserver doivent également faire partie des premières mesures à engager. La nature ne résistera pas à une artificialisation galopant à la vitesse de 70 000 hectares d’asphalte par an. De même, les zones humides, dont l’hémorragie semble se ralentir, méritent d'être préservées en urgence. Par ailleurs, une révision profonde du modèle d'agriculture intensive offrira l'indispensable oxygène à la biodiversité.

Mais au-delà de ces stratégies d'envergure, c'est l'action de proximité qui doit s'engager au plus vite. Des pistes existent. Par exemple, les plans nationaux d'actions ambitieux pour les espèces les plus vulnérables, avec les moyens adaptés, peuvent favoriser la résilience.

La France ne démérite pas. Les espèces emblématiques flirtant avec l'extinction durant les années 1970 (Cigogne blanche, Faucon pèlerin, castor, etc.) ont connu une renaissance grâce à la compétence et la volonté d'un grand nombre d'acteurs.

Aujourd'hui, l'AFB constitue un nouveau levier de promotion de la biodiversité en France qui fédère toutes les énergies disponibles. C'est à elle de dynamiser, surprendre par son audace et enthousiasmer de nouveaux acteurs pour élargir les champs d'action.

Je forme le vœu qu’elle puisse le faire en lien avec la Fondation pour la recherche sur la biodiversité qui, elle aussi, alerte régulièrement sur l’urgence de préserver la biodiversité.