Réserve naturelle de l’île de la Platière

Bois mort toujours vivant

 

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Pédagogie - Animation

Ségolène Ohl
Association des Amis de l’île de la Platière

 

Sous la houlette des filles du Rhône, une balade nocturne conduit ceux qui y consentent dans un autre univers.

Est-ce l’enchantement de cette nuit éclairée de lune ou le talent de la conteuse qui m’a permis de m’imprégner de l’ambiance particulière du site ? Pour moi, qui ne connaissais pas l’île de la Platière, ce fut un moment magique. » Élisabeth, qui ainsi s’exprime, fait partie du petit groupe, rassemblé un soir d’octobre sur le parking de la réserve naturelle. « Nous étions venus vivre une balade contée dans le cadre de la fête de la science. Le thème, cette année, traitait du bois mort. “Du bois mort pour une forêt vivante.” Pourquoi pas ?
Nous partons silencieusement sur le sentier longeant la Lône (bras secondaire du Rhône) jusqu’à la forêt alluviale. Une halte… Une histoire… Nous entrons alors dans l’univers des filles du Rhône. Moustiques, elles s’appellent. Plus loin, une autre histoire vient animer des morceaux de bois mort qui jonchent le sol.
Au fil des contes qui entrecoupent notre balade, la nuit arrive. Enfants et adultes sont captivés à l’unisson. Et comme la nature est généreuse, nous écoutons un dernier conte dans la lumière d’une prairie éclairée de pleine lune. L’ambiance marque autant les novices que les habitués du site. »
Et le bois mort dans tout ça, serait-on tenté de dire ?
« Certes, nous n’avons pas instruit les personnes sur les caractéristiques de la forêt alluviale, nous n’avons pas, non plus, précisé l’importance de cet habitat pour les coléoptères saproxylophages », admettent les concepteurs de cette animation. « Nous avons opté pour une immersion dans le milieu, par une approche sensible et imaginaire permettant de créer un lien émotionnel avec le lieu. Nous parions que ce lien affectif peut susciter curiosité et intérêt, amenant les personnes à approfondir le sujet. Les acquisitions de savoirs arriveront par la suite, de façon active et volontaire de la part de ceux qui le souhaitent. Et même si certains n’iront pas jusque-là, ce moment de plaisir peut suffire à donner envie de favoriser des comportements respectueux de l’environnement.
Le respect de la nature ne passe pas obligatoirement par des connaissances scientifiques. Certains sont plus réceptifs aux émotions, sensations, à l’imaginaire ou à l’art. Nous voulons nous adresser à tous. »
Du reste, dans la même soirée, une conférence sur le bois mort était donnée par un scientifique. Les uns ont choisi de suivre les deux interventions, d’autres non. Preuve que l’alternance des approches permet de concerner un plus large public. •