Complexe ! Il fallait pourtant faire simple
Espaces naturels n°16 - octobre 2006
Stephan Zimmermann
Parc naturel régional des ballons des Vosges
Trois millions de personnes, habitant quatorze bassins de vie, peuvent rejoindre les sommets de la grande crête des Vosges en moins de deux heures. Il n’existe aucune sorte de limitation ou interdiction d’accès pour les véhicules. Le Parc naturel régional des ballons des Vosges s’est donc lancé un défi : convaincre le public de ne pas se déplacer en voiture mais d’utiliser les transports en commun. Une navette a été mise en place. Dix cars sont mis à la disposition du public.
La tarification se veut incitative et son fonctionnement a été étudié au plus proche de l’attente des usagers1.
Afin de trouver un juste équilibre entre la protection des milieux et des paysages, l’intérêt écologique à long terme et l’usage touristique, plusieurs enquêtes de satisfaction ont permis d’affiner le système. Ainsi, concernant la tarification, le public dispose de deux formules : un Pass journée à deux euros ou un Pass saison à cinq euros. Les mineurs, quant à eux, bénéficient de la gratuité du service.
La navette circule les jours où la grande crête connaît les plus fortes fréquentations, à savoir les dimanches et jours fériés en période estivale. Elle dessert dix-neuf sites touristiques tout au long de soixante-cinq kilomètres. Les arrêts sont assurés toutes les demi-heures, temps au-delà duquel l’attente n’est plus « spontanément supportable par les publics ». Chacun des arrêts est matérialisé par une balise comprenant des informations pratiques (nom de l’arrêt, horaires, itinéraire et tarification). Plusieurs vallées permettant d’accéder à la crête, neuf liaisons ont alors été mises en place. Près d’une trentaine de communes sont ainsi desservies ce qui représente près de cinquante-cinq arrêts sur les liaisons crêtes-vallées.
Afin d’élargir le nombre d’usagers potentiels, la question de la multimodalité des transports en commun s’est, elle aussi, posée. Des partenariats avec la SNCF, les Régions et les Départements ont alors été développés et les navettes sont en correspondance avec les trains TER dans chacune des vallées concernées.
Le Parc voulait que des véhicules à propulsion alternatifs (gaz, électricité, hydrogène) soient utilisés. Après étude, il s’est avéré que les surcoûts entraînés par ce type d’énergie étaient trop conséquents pour être supportables. Par ailleurs, leur manque de puissance en milieu montagneux et leur autonomie insuffisante n’eussent pas permis leur utilisation. Le choix s’est donc porté sur les cars les moins polluants possible. Ceux-ci respectent les normes européennes anti-pollutions les plus strictes (Euro 3 et, dès 2007, Euro 4).
Par ailleurs, et afin d’assurer un service qualitatif, les chauffeurs ont suivi une formation leur permettant de répondre aux éventuelles questions des usagers sur le Parc naturel régional des ballons des Vosges.
Le volet communication est d’ailleurs une des clés essentielles du développement de l’opération. Marquage des bus, pose de kakémonos, site Internet (21 837 connexions pour les six mois de mise en ligne du site en 2005), plaquettes de présentation de la navette avec les horaires (135 000 exemplaires en français et 15 000 exemplaires en allemand), affiches, conférences de presse (et donc articles de presse), émissions de radio locales, encarts dans les bulletins des différentes collectivités locales… autant d’outils mis en œuvre auxquels on ajoutera encore les clubs de marche.
Le Parc a-t-il rempli sa mission ? Pour évaluer l’impact de la navette, on peut retenir que la moyenne journalière de 3 000 véhicules légers les dimanches a connu une diminution de 7 %. Ce n’est pas rien…
1. L’opération navette est financée par les Conseils régionaux d’Alsace et de Lorraine, l’État, les Communautés de communes, le Conseil général, les villes aux portes du Parc et la recette de la vente des billets.