Développer une photothèque numérique

 
Mode d’emploi appliqué dans le parc national de la Vanoise

Espaces naturels n°19 - juillet 2007

Méthodes - Techniques

Patrick Folliet
Parc national de la Vanoise

 

Ce qui est renversant avec la photothèque numérique, c’est qu’elle change radicalement notre façon de rechercher des images. Avant, il fallait partir à leur recherche, fouiller dans les tiroirs, ou bien défaire le stock de CD-Rom. Maintenant, les photos viennent à nous. Quelques clics, et voilà des planches prêtes pour notre choix final. Facile !…
Facile ? Comme toujours, cette simplicité apparente résulte d’un important travail : sélection, légendage, référencement, indexation. Et d’abord, le choix du logiciel support : monoposte ou solution tout web ?
Le choix d’une solution technique est en effet primordial. Il conditionne l’efficience de la base de données et l’évolution possible de celle-ci. Choisir son progiciel suppose de se poser quelques « bonnes » questions : qu’attendons-nous de notre fonds d’images ? Quelle exploitation ? Qui en aura l’accès et avec quelle liberté ?…
Dans le cas de la Vanoise, la photothèque devait d’une part être accessible à ses équipes de terrain, éloignées du siège, et d’autre part s’ouvrir au public professionnel sans qu’il doive se déplacer. L’option prise fut celle de la solution web, qui a transformé l’interface de la photothèque en un site de consultation et vente en ligne. Avantage supplémentaire de ce système : aucun
logiciel à installer, ce dernier étant localisé chez l’hébergeur du site (qui en est aussi le développeur).
Il convient aussi de s’assurer que toutes les données de la photothèque numérique sont à tout moment exportables vers un autre logiciel (au cas où celui utilisé deviendrait obsolète). Il est alors utile de se souvenir que le format standard est l’Ascii tabulé.
Passé ce stade, le choix technique touche alors à l’image : quel format d’enregistrement et quelle taille privilégier ? En effet, la définition de l’image (nombre total de pixels) doit être suffisante pour répondre aux exploitations attendues. Mais il y a des compromis à trouver entre la qualité recherchée et les volumes de mémoire nécessaires pour le stockage. En Vanoise, nous numérisons nos ektas en 21 x 31,5 cm pour une résolution de 300 dpi, ce qui donne des images de 9,4 millions de pixels, largement suffisant pour la plupart des utilisations1. Nos scans sont conservés au format tiff (avec compression LZW, non destructrice). D’autres formats de fichiers permettent de réduire considérablement la taille des fichiers sans trop altérer l’image ; c’est le cas du jpeg, en qualité 8 à 12.
L’indexation constitue alors la troisième phase du travail, elle réclame une grande rigueur car l’ordinateur ne pense pas, il ne peut proposer que ce qu’on lui a introduit. Chaque photographie doit donc être associée à des mots clés qui en décrivent le contenu. La liste de ces termes, normalisés et hiérarchisés en arborescence, est arrêtée de manière formelle. Ces mots clés constituent le thésaurus de la photothèque.
En Vanoise, l’auteur légende sa photo avec précision et une exigence particulière est attendue de lui afin qu’il renseigne son image de manière exhaustive (sujet, action, contexte, arrière-plan, lieu, coordonnées GPS, date, signature…). Cette légende est intégrée dans les métadonnées du fichier. Le documentaliste intervient ensuite pour attacher les mots clés à l’image. Pour cela, il se réfère d’une part à l’aspect visuel, d’autre part à la légende.
L’indexation, rigoureuse, doit également être homogène d’une image à une autre ; cette cohérence garantissant la pertinence des réponses aux futures requêtes.
Attention à ne pas se laisser submerger par des flots d’images diverses et variées, tant en contenu qu’en qualité technique ou en format de fichier. Un choix s’impose en amont sur les images à indexer dans la base ! Il en va de la qualité de notre fonds. Refuser aussi toute image non légendée !
Si le numérique permet beaucoup de souplesse, ses supports sont en même temps très volatils et fragiles. Certaines précautions doivent donc être prises. Ainsi, une version identifiée comme « originale » doit être précieusement conservée sous forme brute (sans aucune correction ni retouche) afin de garder intact tout son potentiel (cela dit, de récentes applications logicielles permettent d’associer des variantes, des corrections, sans altérer le fichier original). Les sauvegardes doivent être dupliquées, voire « tripliquées » (et datées) sur des supports de différentes natures. S’assurer en outre de la pérennité des formats de fichiers et envisager d’éventuelles conversions (les supports d’archivages ne sont pas éternels du tout). Et puis, comme toujours, rester en veille ! S’informer de l’évolution technologique (logiciels, formats de fichiers) afin de faire en sorte que nos images actuelles soient encore lisibles dans cinq, dix, trente ans… Ceci peut supposer des conversions périodiques des fichiers vers d’autres formats plus modernes.

1. Par comparaison, nos reflex numériques actuels produisent des images de dix millions de pixels, soit sensiblement la même chose.

En savoir plus
http://phototheque.vanoise.com