Sujet constamment repris lorsque l’on travaille sur les pressions exercées sur les milieux, la question des pollutions diffuses doit impérativement être regardée en profondeur. C’est un sujet difficile à appréhender : outre le fait que ce type de pollution n’est la plupart du temps pas visible, elle concerne de très nombreuses substances, aux effets diversifiés, par de nombreux mécanismes physiques, physiologiques, écologiques… parfois d’une grande complexité. Certains impacts sont parfois bien compris, notamment du fait de leurs retombées sociales ou économiques directes. Mais au-delà, cela reste encore pour les gestionnaires un domaine difficile à s’approprier, touchant de nombreuses disciplines parfois très pointues, avec à la clef des enjeux de santé publique, de lutte contre l’érosion de la biodiversité mais aussi de développement économique.

Ce dossier propose d’une part des articles permettant de (re)poser les bases de ce que l’on appelle pollutions diffuses, de leurs impacts, des mécanismes réglementaires en place. Les gestionnaires non spécialistes de ces questions ont tout intérêt à s’en imprégner, d’abord pour monter en compétence sur un sujet dont il sera question encore longtemps, ensuite pour aider à mieux diffuser ces connaissances au sein des territoires.

De façon complémentaire, sans aborder, loin de là, toutes les solutions, ce numéro donne des exemples concrets d’actions de terrain, règlementaires ou non, qui peuvent permettre de limiter l’émission de ces pollutions et leurs impacts. Il attire aussi l’attention sur les difficultés, parfois, à concilier naturalité et lutte contre les pollutions. 

Devant ces enjeux et cette complexité, ce dossier insiste aussi sur l’importance du dialogue entre les divers acteurs concernés, pour partager les problématiques, sortir des difficultés par le haut et construire progressivement des solutions durables. Dans ce cadre, il est bon aussi d’insister sur l’intérêt de mobiliser au sein de ces dynamiques territoriales de l’expertise de haut niveau pour aider aux meilleures décisions politiques possibles. On ne saurait malgré tout rappeler que comme dans d’autres domaines, la solution qui donne les meilleurs résultats reste la prévention en amont, ce qui nécessite aussi d’investir sur la recherche de solutions techniques viables sur le plan socio-économique dans les différents domaines d’activité générant ces pollutions diffuses.

Particuliers, acteurs économiques, collectivités… Les pollutions diffuses nous concernent tous, soit parce que nous en sommes potentiellement responsables, soit parce que nous pouvons en subir les effets. Il faut donc en faire un sujet fédérateur au sein de nos instances de gestion.