Le Dossier
Sauvage
l'accepter et l'accompagnerLe mythe heureux de la nature sauvage occupe une place centrale dans l'histoire de la protection de la nature. Débat entre ses héritiers.
Alors que les zones non gérées se multiplient, la société porte un regard ambivalent sur le laisser-faire. Comment les citoyens et les pouvoirs publics vont-ils accepter les espaces de wilderness (très limités) ou de nature férale (a priori en expansion) ?
Christian Barthod rapporte ici les réflexions du groupe de travail de l’UICN-France sur la wilderness et la nature férale.
Tendre vers plus de naturalité est une solution à la crise écologique majeure que connaît la Terre. Nos sociétés et les hommes qui les composent sont-ils prêts à accueillir le sauvage, cette altérité précieuse ?
Faut-il choisir entre nature sauvage et domestication ? Pas nécessairement. Le Parc national des Cévennes a même fait le pari de la libre évolution en forêt tout en y maintenant certaines activités humaines.
Les paysages prennent leur valeur dans l’œil des hommes qui les regardent. Que ce soit chez les peuples autochtones de l'Arctique ou en Occident, la nature n'est sauvage que dans la mesure où elle est pensée comme telle.

Il n'y a pas de nature sauvage pour les Inuit. Leur vision animiste prête une âme aux différentes entités, et il en découle un certain anthropomorphisme. L'inukshut est un cairn habité par une âme et, en langue inuktitut, certains termes sont communs au corps et aux formes de la nature. © Fabienne Joliet
Des grandes réserves d’Europe du Nord à certains parcs nationaux emblématiques, le rewilding réhabilitant la grande faune est une option qui commence à émerger. Intérêt et limites du système.
Le territoire se mobilise afin de garantir une protection durable à des éléments naturels emblématiques, que les acteurs ont eux-mêmes désignés.
Si la prise de conscience et l'attrait pour le sujet sont relativement récents, le retour du « sauvage » est un phénomène ancien autant qu'il est progressif et discret. Les espaces voués à préserver la naturalité ne sont pas non plus une nouveauté.
Dans les anciens salins de Sainte-Lucie, s'est posée la question de la place à laisser aux dynamiques naturelles. Entre objectifs de gestion et attachement au paysage, l'élaboration du plan de gestion a permis de mettre les questions sur la table.
Aller plus loin que les statuts de conservation pour préserver les dernières rivières sauvages : c'est le but du label porté par European Rivers Network (ERN) et le Fonds pour la conservation des rivières sauvages.
Redonner de la place au sauvage, on peut le faire... sans rien faire. Mais on peut aussi estimer que dans certains cas la naturalité ne s'obtient pas sans actions fortes, comme les réintroductions.