Localisation et enjeux des systèmes agricoles à Haute valeur naturelle en France métropolitaine

 
Gestion patrimoniale

Philippe Pointereau
Solagro

 

La localisation des systèmes agricoles à Haute valeur naturelle et des petites régions qui les supportent n’est pas chose facile tant l’agriculture est diversifiée et la biodiversité complexe. L’enjeu est pourtant de taille puisque cette agriculture contribue au maintien d’une haute biodiversité et pourrait constituer avec les forêts une part importante de la trame verte. Où se cache-t-elle, cette agriculture qui soutient une grande diversité de plantes dans ses prairies et ses cultures, qui maintient papillons et oiseaux ?
La méthode a consisté à définir les pratiques agricoles qui, d’après les scientifiques et les naturalistes, sont favorables au maintien des espèces. Trois critères ont été retenus, qui interagissent ensemble : la diversité de l’assolement (diversité des cultures et présence de prairies permanentes), des pratiques extensives utilisant peu ou pas d’engrais chimique et de pesticides et la densité d’infrastructures agro-écologiques (IAE) tels les haies, les prés/vergers, les lisières de bois, les prairies humides et les étangs piscicoles.
Sans entrer dans le traitement des données statistiques et cartographiques, cela a conduit à un scoring des fermes regroupées à l’échelle communale.
Les « meilleures » communes ont été retenues de façon à couvrir 25 % de la surface agricole. Cette méthode offre l’avantage de pouvoir facilement étendre ou diminuer le zonage établi.
Le croisement avec des données solides sur la biodiversité a montré que ce premier territoire à HVN recoupait la totalité des parcs nationaux, 64 % des surfaces agricoles classées en Natura 2000, 73 % des populations des râles des genêts.
De plus le Muséum national d’histoire naturel a montré que, sur ce territoire, les populations d’oiseaux spécialistes du milieu agricole se portaient mieux qu’en dehors.
Il y a donc un véritable enjeu à mieux connaître cette agriculture compatible avec le maintien de la biodiversité : quelles sont ses pratiques, quelles sont ses menaces, quelles sont les mesures à mettre en œuvre pour la conforter et la redéployer ?
On sait déjà que cette agriculture est diversifiée, largement basée sur des systèmes extensif à l’herbe, associant des cultures d’autoconsommation et utilisant des races locales, que la notion de terroir y a un sens. On sait également qu’elle contribue largement aux produits de qualité comme les AOC. On y trouve des systèmes originaux comme les systèmes de transhumance ou de pâturage sur prairies humides ou prés-salés. Les contraintes pédologiques, climatiques et physiques y sont suffisamment fortes pour limiter les pratiques intensives basées sur une forte consommation d’intrants.
Ce travail d’identification et de caractérisation de ces systèmes agricoles à la fois collés au terroir mais aussi innovants se poursuit dans certains projets de terrain comme dans les parcs nationaux et parcs régionaux. Il doit constituer un des axes majeurs de la Stratégie nationale pour la biodiversité.