Parc national de Port-Cros

Monde sous-marin, la palme du respect

 

Espaces naturels n°2 - avril 2003

Accueil - Fréquentation

Nicolas Gérardin
Parc naturel de Port-Cros

 

Plonger à Port-Cros n’est pas un acte banal. C’est un moment auquel on se prépare, que l’on attend, que l’on savoure comme un repas gastronomique, bien avant d’être assis à la table du chef.

Avec près de 20 000 plongées recensées chaque année dans ses eaux, le Parc national de Port-Cros souhaitait promouvoir une pratique à la fois respectueuse de l’environnement et riche de qualité pour les usagers. Les équipes du parc, elles-mêmes pratiquantes, considéraient que les exigences propres à la plongée étaient largement compatibles avec les prescriptions de fréquentation d’un espace protégé. Ce constat plutôt favorable invitait à la concertation avec les usagers, clubs et moniteurs, afin de définir les conditions d’une pratique durable, ouverte sur la découverte et l’apprentissage du monde sous-marin.
Cette concertation a débouché sur quatre principes d’action :
n l’’engagement des promoteurs par la signature d’une charte, qui conforte leur rôle de relais, leur responsabilité d’encadrement et leur adhésion au projet. Les signataires bénéficient d’une marque « Partenaire du parc » renouvelable chaque année. Clubs et bénévoles indépendants contribuent plusieurs fois par an aux opérations de dénombrement ou encore de localisation et d’éradication de l’algue Caulerpa taxifolia ;
n l’élévation des exigences comportementales au-delà du simple respect des réglementations du parc. Ainsi ont été limités ou interdits, d’un commun accord, les plongées de nuit, les plongées d’apprentissage technique, le nourrissage ou encore l’utilisation du scooter sous-marin. Un seuil de charge défini pour chaque site, en fonction de sa configuration, permet d’en sauvegarder la qualité biologique ;
n l’adéquation des sites a été obtenue en sélectionnant des paysages et des milieux diversifiés, des configurations hydrologiques et d’exposition qui permettent un accès sécurisé selon les conditions météorologiques. Les activités concurrentes, la pêche et le mouillage plaisancier, ont été exclues. Les embarcations de plongée peuvent s’amarrer exclusivement sur les équipements de mouillages fixes, à faible impact, installés par le parc ;
n la démarche pédagogique participe très largement de l’idée de pratique de nature. Une vidéo sur les règles de la plongée en espace protégé est distribuée aux responsables des clubs. Des formations en biologie marine sont organisées par le parc en relation avec les spécialistes de son comité scientifique au profit des moniteurs. Ils sont destinataires de toute nouvelle publication ou information.
Par ailleurs, un recueil en 3D des sites de plongée du parc, imprimé sur papier hydrofuge, accompagne la préparation du plongeur. À sa lecture, il anticipe sur son parcours et les découvertes qu’il offre. Comme on prépare une course en montagne, il trouve, là, la possibilité de préparer son itinéraire au mieux des conditions du jour. Il se met en alerte en apprenant ici, la possible rencontre avec une raie ou un congre. Il s’interroge sur la présence des gorgones ou des parazoentus sur la paroi d’un sec, se rassure en notant la présence d’un fond de posidonies accueillantes, imagine la forme sombre de l’épave. Il rêve de la rencontre fortuite avec un mérou ou une famille de corbs.
Ainsi encadré et préparé, le plongeur se glisse dans l’apesanteur de l’eau. Soudain libéré du poids de son équipement, la technique laborieusement apprise n’est plus que le marchepied qui l’ouvre à la découverte d’un monde étrange. De plongeur en mer, il est devenu découvreur de mer.