« Partager une légende sous les étoiles »
Espaces naturels n°37 - janvier 2012
Blandine Delenatte
Garde monitrice au Parc national des Écrins
Parmi les approches pédagogiques visant à faire évoluer le rapport à la nature, vous avez choisi l’art. La dimension symbolique serait-elle un vecteur d’éducation ?
Créer une composition figurative ou symbolique avec des éléments naturels, donner un concert végétal, écouter l’improvisation d’un musicien au bord d’une cascade ou une légende sous les étoiles, c’est vivre une expérience dans la nature et la partager avec les autres participants. À travers une histoire, un thème qui sert de fil conducteur et à travers une création artistique, on porte un autre regard sur la nature et on peut aborder des contenus naturalistes d’une manière autre que cognitive. On donne une valeur à la moindre feuille et au plus commun des cailloux. Ainsi, le cerveau gauche toujours sollicité dans notre mode d’apprentissage est un peu mis en veille et le cerveau droit peut prendre la relève pour laisser parler notre créativité. Oser laisser nos mains s’exprimer et, à travers elles, notre imaginaire, nos émotions, nos sens, c’est aussi une façon d’apprendre qui va convenir à des participants qu’une approche scientifique laisserait indifférents. Et c’est une façon de se dévoiler un peu dans une relation directe avec la nature. Ainsi, les enfants de l’école de Vallouise ne regarderont plus les arbres de leur cour de la même manière maintenant qu’ils les ont rencontrés à travers une création et une histoire qu’ils ont eux-mêmes inventée.
Aujourd’hui, j’utilise systématiquement une approche sensible au cours de mes sorties, parfois pendant quelques minutes comme base d’un propos ou comme conclusion, parfois pendant la séance entière. •