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12 indicateurs pour les milieux alluviaux

 

Espaces naturels n°33 - janvier 2011

Le Dossier

Bernard Pont
Commission scientifique Réserves naturelles de France

 

© Bernard Pont

Les milieux alluviaux sont caractérisés par des flux importants d’eau, d’alluvions, de sels minéraux et de matière organique. Leurs variations incessantes induisent un perpétuel ajustement du système. Aussi, les systèmes alluviaux échappent-ils à une évaluation fondée sur un système de référence. Leur clé de voûte apparaît être la capacité d’expression des processus fonctionnels.
Cependant, caractériser cette fonctionnalité est un exercice difficile : mesurer les différents flux (eau souterraine, eau d’inondation, charge de fond et en suspension…) est hors de portée de protocoles légers, et reproductibles dans le temps. En revanche, évaluer de manière qualitative ou semi-quantitative l’altération des différents flux paraît à portée.
Une liste de paramètres caractérisant les différents flux, utilisée pour une première évaluation à dire d’expert de la fonctionnalité des réserves naturelles nationales « fluviales » a été proposée par Michelot et al. (1996). Cette réflexion a été reprise et approfondie récemment dans un travail visant à ébaucher un cadre méthodologique pour l’évaluation de l’état de conservation des éco-complexes alluviaux (Anne Laure Pêcheur, 2008). Douze indicateurs ont ainsi été arrêtés (voir tableau).

La collecte de ces différentes données mobilise pour l’essentiel de l’information déjà disponible (photographie aérienne, carte ancienne, données hydrologiques et physico-chimiques des stations encadrant l’espace, données topographiques collectées dans le cadre de la gestion du cours d’eau) et le travail est avant tout lié à la mise en forme
des informations. Lorsque la donnée n’est pas disponible, notamment sur les aspects géomorphologiques, l’avis d’expert permet de renseigner l’indicateur de manière qualitative. Quelques observations de terrain complémentaires sont à programmer dans le plan de gestion de l’espace : cartographie des zones inondées à chaque crue, suivi
piézométrique…

Pour chacun de ces douze indicateurs, des valeurs seuil ont été proposées. Elles définissent quatre classes d’état :
• A+. Optimale.
Absence d’altération.
• A. Altération modérée ne remettant pas en cause la fonctionnalité de l’hydrosystème. • B. Altération significative du flux, impactant la fonctionnalité.
• C. Altération majeure.
Fonctionnalité profondément dégradée.
La grille ainsi complétée permet d’identifier les facteurs clés sur lesquels agir pour améliorer la fonctionnalité de l’hydrosystème.
Si besoin, une évaluation globale peut être portée en agrégeant les différentes notes affectées à chaque indicateur. L’option proposée est de retenir la note majoritaire sur l’ensemble des indicateurs.
Le dispositif est complété par une évaluation de l’état de conservation des habitats, utilisant des indicateurs plus classiques de surface, structure et vulnérabilité.
Cette méthode, testée sommairement à partir de données immédiatement disponibles sur deux réserves naturelles nationales (Val-de-
Loire et Île de la Platière)
présentant des situations contrastées, apparaît pertinente et discriminante. Elle reste à affiner dans le cadre de tests plus approfondis programmés cette année.