Nudge
Espaces naturels n°61 - janvier 2018
Le concept des nudges (« coups de pouce ») a été inventé en 2008 par un économiste et un juriste américains, Richard H. Thaler et Cass R. Sunstein. Il s’agit de mettre un individu dans un contexte de choix qui l’incite à adopter un comportement spécifique recherché. Un nudge n’est pas un outil pédagogique en soi mais une sorte d’« incitation douce » pour modifier un comportement. À La Verne (États-Unis), par exemple, une note a été apposée à la porte de cent-vingt maisons pour informer les foyers du nombre de voisins participant au recyclage des ordures ménagères et de la quantité recyclée. Résultat : les ordures triées ont augmenté de 19%. Autre exemple : l’absence de sacs plastiques à disposition en caisse des magasins incite les clients à en utiliser moins. On peut également citer la mise en place de l’impression recto-verso par défaut sur une imprimante ou la mise sur le marché de pommeaux de douche lumineux qui changent de couleur en fonction de la consommation en eau.
La première étape pour élaborer un nudge est l’observation des comportements. Pour réussir un nudge, il convient de n'obliger à rien, de proposer des choix par défaut, des solutions simples à mettre en place, amusantes et peu coûteuses, de s’appuyer sur la comparaison sociale avec autrui et d’utiliser des codes de la modernité. Nous sommes très loin de faire des choix vertueux, même si nous sommes pleinement conscients de leurs effets, sur la planète par exemple. Le concept des nudges utilise les travaux de la recherche en économie comportementale, qui établissent que l’individu a d’autres motivations que la recherche du profit maximum car il a des préférences sociales (solidarité, jalousie, réciprocité…), des valeurs morales et des émotions.
Les premières expérimentations françaises de nudges ont été mises en place en 2013 sur la sécurité routière, la santé et la fiscalité. Il n’existe pas, à ce jour, en France en tout cas, de nudge visant explicitement à préserver la biodiversité mais un rapport remis fin 2016 à la ministre Ségolène Royal suggère de lancer un appel à projet « nudges et biodiversité ». Un nudge « biodiversité » devrait agir sur les causes d’érosion de la biodiversité : préservation des milieux naturels, des espèces et des continuités écologiques, limitation des pollutions et des introductions d’espèces exotiques envahissantes, etc. L'idée serait de coupler des nudges à un travail pédagogique. Les impacts sur la biodiversité étant souvent indirects et pluriels, ce travail devra faire comprendre au consommateur, à l’usager ou au citoyen, que l’action proposée a un lien avec la biodiversité