Des oiseaux et des Hommes

 

Espaces naturels n°2 - avril 2003

Études - Recherches

R.J.

 

Un réseau de naturalistes organisé de l’échelon local à l’échelon européen… Voilà pourquoi les résultats du programme STOC sont riches et exploitables.

Naturalistes, ils viennent d’horizons divers et sont généralement impliqués dans le milieu associatif. Femmes et hommes, ils sont des centaines et, grâce à eux, fonctionne le programme Suivi temporel des oiseaux communs. Bagueurs agréés pour le volet capture du programme (le STOC-capture) et ornithologues confirmés pour le volet écoute (le STOC-EPS), ils sont organisés en réseaux locaux.
Chaque région ou département est chapeauté par une coordination locale que tout naturaliste peut contacter. L’animation locale ainsi assurée, de nombreux ornithologues ont pu, ainsi, rejoindre le réseau. Pour chacun, l’investissement en temps reste modeste. Le participant consacre deux matinées sur le terrain à savoir deux fois 50 minutes d’écoute, auxquelles il convient d’ajouter le temps passé à l’informatisation des données recueillies.
Les déplacements nécessaires au recueil des données restent raisonnables, puisque le lieu d’intervention est défini par la coordination nationale qui procède au tirage aléatoire d’un site dans un rayon de dix kilomètres autour d’un point fourni par l’observateur.
Dans les espaces protégés, les naturalistes professionnels réalisent eux-mêmes les suivis, mais certains font appel au milieu associatif pour compléter le nombre de leurs observations.
Organiser le réseau et multiplier les partenaires
Aujourd’hui, le réseau STOC est un succès. Les projets d’observatoires régionaux se multiplient : Auvergne, Franche-Comté, Limousin, Lorraine, Poitou-Charentes. Ils permettent d’organiser le programme STOC-EPS à l’échelle régionale avec, parfois, l’aide financière des collectivités locales et des administrations décentralisées. Qu’un projet soit particulièrement solide et dispose d’une main-d’œuvre rémunérée, et c’est le plan d’échantillonnage qui sera amélioré puisqu’il sera loisible de pratiquer des relevés dans les zones à faible densité d’observateurs bénévoles.
Mais le réseau STOC s’organise également autour d’un travail concerté entre échelons territoriaux. En effet, le protocole de suivi est conçu pour être utile à tous les échelons (local, régional, national) ; en résulte alors un réseau consolidé où chacun se nourrit des données fournies par l’échelon territorial supérieur.
Les échanges entre niveaux s’effectuent également quand le Centre de recherches sur la biologie des populations d’oiseaux (CRBPO) aide les réseaux régionaux à élaborer leur plan d’échantillonnage. En retour, chaque coordinateur local garantit la pérennité du réseau, se charge du recrutement de nouveaux participants et de la valorisation locale des données. Le réseau national s’en trouve ainsi renforcé.
Le réseau des espaces naturels participe aussi à la toile d’araignée des intervenants du STOC. À titre d’exemple, citons les conventions visant à mettre en place des suivis dans des espaces protégés (RNF, Parc national des Écrins). Une convention avec l’ONF est également à l’étude, elle entrerait dans le cadre du suivi patrimonial des forêts domaniales. Quant aux réserves naturelles de France, c’est une coordination qui s’est installée. Par ailleurs, plusieurs parcs naturels régionaux collaborent aux suivis coordonnés par le CRBPO.
Mesures d’impact
Aujourd’hui, la qualité et la quantité des données centralisées n’ont jamais été aussi élevées, et le CRBPO est en mesure de produire annuellement des indices nationaux d’impact du fonctionnement de la société sur les populations d’oiseaux. Si le réseau français de suivi des oiseaux communs est bien structuré, il en est de même dans de nombreux pays européens. Sous l’impulsion du « European Bird Count Council », une coordination pan/européenne de programmes similaires a vu le jour en 2002, et un colloque organisé en septembre dernier a permis de construire ce qui sera un véritable observatoire européen de l’avifaune commune. Les données seront partagées afin de produire des indices européens de variations d’abondance pour de nombreuses espèces. Du niveau local jusqu’au niveau sub/continental, la dynamique des réseaux naturalistes s’est avérée déterminante dans le suivi de la biodiversité et la mesure de l’impact du fonctionnement de la société sur cette biodiversité.