Les parcs nationaux ont un avenir
Juin 2003, Jean-Pierre Giran a remis au Premier ministre son rapport sur l’avenir des parcs nationaux. Dans un style simple et précis, le député du Var dresse un état des lieux crédible et sans concession. De cœur et de raison, il réaffirme le caractère d’intérêt national des grands parcs naturels et souhaite que l’État garde la main sur leur gestion. Toutefois, défendant l’alliance entre protection des espaces naturels et développement durable, il propose de redéfinir les missions des parcs et de modifier en profondeur leurs relations avec les acteurs locaux.
Pour préserver leur rang au niveau international, les grands parcs nationaux doivent demeurer de la compétence de l’État. Le député Giran est ferme sur le sujet, et le rapport qu’il vient de remettre au Premier ministre ne laisse entrevoir aucune faille dans cette logique. Pourtant, son constat est sévère et il avance des mesures en profondeur.
Créés voilà quarante années, les parcs nationaux avaient pour vocation de préserver des sites naturels remarquables. Pour cela, l’État a mis tout son poids dans la balance. Et il a agi comme sait le faire un État : en édictant des règles. Aujourd’hui, appréciés et emblématiques, les sept parcs nationaux sont unanimement reconnus pour la qualité de leurs paysages. Ils font la fierté des populations locales.
Cependant, sur le terrain, les missions de protection de l’environnement se sont souvent traduites par des rapports d’autorité et de police. Une réalité qui laisse des traces profondes dans les relations avec les acteurs locaux : le sentiment d’être dans une zone d’exception où
l’État déposséderait les propriétaires (généralement les collectivités locales) de leurs droits les plus légitimes à gérer leur patrimoine. À cet effet, le rapport dresse un état des lieux sans concession. Il souligne les nombreuses frustrations et suspicions qui entourent l’activité des parcs nationaux.
Pour contrer ces critiques et dessiner un avenir aux parcs nationaux, Jean-Pierre Giran prend acte d’une évolution de leurs missions fondamentales. Il observe que les parcs s’inscrivent désormais dans une stratégie de développement durable, de décentralisation et de contractualisation. Ainsi, il affirme qu’il n’est plus d’actualité d’opposer nature (environnement) et culture (activité humaine : tourisme, sport, élevage…). Il propose d’associer largement les élus et associations locales au fonctionnement des parcs. Ainsi, la présidence de l’établissement public serait confiée de droit à un élu et la Région deviendrait le chef de file de la politique de contractualisation entre les parcs et les collectivités locales.
Le rapport comporte aussi un important volet ressources humaines. L’auteur y requestionne les métiers de gardes-moniteurs. Il affirme leur vocation à contribuer au développement local durable et l’oppose à une conception plus traditionnellement réglementaire et autoritaire. Une petite révolution culturelle pour des métiers dont la définition remonte à la création des parcs, et dont les titulaires sont parfois en poste depuis plusieurs décennies.