Parler du feu sans souffler sur les braises
Entre information, éducation et répression, le Parc national de Port-Cros cherche à modifier les comportements individuels…
Sécheresse, vent… et comportements inconscients, sont autant de facteurs à considérer pour éviter l’incendie et sa propagation. Et, si l’on dit souvent : « Mieux vaut prévenir que guérir », le
proverbe est valable pour la gestion
des risques d’incendies. Aussi, une des priorités consiste à agir pour modifier les conduites individuelles et à trouver pour cela l’équilibre entre information, éducation et répression.
Le danger serait de tomber dans l’extrême du tout dialogue sans sanction ou, a contrario, du tout répression sans la transmission d’informations indispensables en amont.
Cependant, responsabiliser l’individu est une tâche ardue tant il se sent préservé de l’accident ou de l’erreur. Qu’il soit résident, plaisancier ou promeneur, il dit toujours respecter la règle : il prend soin de débroussailler son terrain pour éviter une propagation rapide d’incendie, ne fume jamais… surtout hors du village, ne tire jamais de fusées de détresse sans aucune raison, bref, l’irresponsable c’est toujours l’autre. Il est cependant essentiel de rappeler à chacun que si le Parc représente un espace de liberté, c’est aussi un lieu où s’exercent des règles et des contraintes, notamment pour des raisons de sécurité.
Chaque année, ce ne sont pas moins de 1,3 million de visiteurs (sur l’ensemble de l’espace parc) qu’il faut informer, sensibiliser, et… surveiller ! Autant de comportements imprévisibles à appréhender tout en prenant soin de ne pas incriminer.
Pour prévenir les visiteurs de la réglementation en vigueur et afin d’être certain d’être vu, si ce n’est lu, au cours du passage sur le site, le panneau d’information est l’outil incontournable. Il mentionne toutes les interdictions, notamment celles concernant la cigarette et le feu. Il est situé à chaque emplacement stratégique : à l’arrivée aux ports, aux intersections entre les voies principales et les plages ou autres sentiers, à l’entrée de chaque site de visite.
Et pour optimiser le message, rien ne peut remplacer la présence d’agents sur le terrain : gardes-moniteurs à Port-Cros, patrouilles mixtes à pied ou en deux roues à Porquerolles ; et d’une manière générale gardes-moniteurs du Parc, police, pompiers.
Cette mission se révèle être avant tout de la sensibilisation, notamment lors de la fermeture de massifs les jours de risques accrus. Il faut alors rappeler aux visiteurs les règles en vigueur et les risques engendrés par leur non-respect. C’est cette omniprésence qui garantit une dissuasion efficace aux actes de malveillance.
Mais quand l’explication ou l’avertissement ne suffisent plus, l’ultime recours pour les plus récalcitrants demeure le timbre-amende ou encore le procès-verbal : une envie soudaine de tabac reviendra ainsi à 135 euros, même s’il s’agit là d’un constat d’échec de l’éducation de l’individu.
Cependant, cette politique qui mêle information, sensibilisation et répression reste globalement une réussite et une approche juste si l’on considère le nombre de verbalisations par rapport au nombre de visiteurs : environ 60 verbalisations à Port-Cros sur 300 000 personnes en 2004. La preuve donc que la démarche de responsabilisation porte ses fruits et qu’elle doit se poursuivre. L’unique « feu » à gérer doit être la passion pour le site.