Jordanie

La société civile s’engage pour l’eau

 

Espaces naturels n°35 - juillet 2011

Le Dossier

Maïlis Renaudin
Wetlands International Méditerranée - Tour du Valat

 

Comment, dans une région à forte croissance démographique, concilier développement, et conservation des écosystèmes ? Depuis 2008, le projet « Engager la société civile dans la gestion intégrée de l’eau en région sud et est de la Méditerranée » veut y répondre. En Tunisie, Maroc, Jordanie, trois opérations visent à améliorer la gouvernance locale de l’eau en renforçant la participation de la société civile et la sensibilisation des gouvernements à l’importance des zones humides.
En Jordanie, le projet mis en place par la Société royale pour la conservation de la nature (RSCN) veut préserver les écosystèmes aquatiques du bassin versant de la rivière Mujib (notamment la Réserve naturelle de Mujib située en aval d’une zone d’agriculture intensive et polluante).
De ce projet, on retiendra que les gestionnaires ont dû quitter leur rôle strict d’ONG environnementale pour coordonner les activités de différents acteurs : une coopérative d’agriculteurs, un gestionnaire de barrage, mais également des ministères en charge de la ressource en eau et de l’agriculture. Des réunions avec les agriculteurs visent à les convaincre de la nécessité de protéger la qualité de l’eau de la dernière rivière naturelle de Jordanie. Des rencontres, à l’aval des fermes, permettent de constater l’importance de la pollution et son impact sur les écosystèmes. Des stages, construits sur mesure, cherchent à familiariser ces acteurs aux nouvelles techniques agricoles moins consommatrices en eau et en pesticides, et donc moins coûteuses. Aujourd’hui, la RSCN a signé un protocole d’accord avec la coopérative des agriculteurs pour les aider à mettre en place le projet pilote et les infrastructures appropriées. Le financement du matériel et des ressources humaines est assuré pendant toute la mise en place du projet (jusqu’en décembre 2011). L’ONG a pu garantir les implications du ministère de l’Agriculture, de l’eau et de l’irrigation, et celui de l’Environnement (membres du comité de suivi du projet depuis son lancement). Elle s’est aussi engagée à un suivi en aidant, notamment, à trouver des débouchés de vente des produits et à obtenir un label Agriculture biologique garantissant un meilleur revenu aux agriculteurs.