Conservatoire du littoral

Varappe, une convention sans risque

 

Espaces naturels n°2 - avril 2003

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Jean-Claude Bonnafé
Conservatoire du littoral


Ses clauses très restrictives peuvent surprendre. Pourtant, la convention cadre FFME/ Conservatoire du littoral est bien acceptée par les grimpeurs. Cela ne doit rien au hasard : seule la prise de conscience du risque environnemental peut ouvrir la voie à des règles partagées.

Longtemps, les grimpeurs furent en paix avec leur conscience environnementale. Ils évoluaient dans des déserts verticaux avec, sous leurs pieds agiles, le décor vertigineux des espaces naturels. Ils méconnaissaient les conséquences de leur activité sur les équilibres environnementaux des sites.
L’important développement des activités d’escalade a nécessité d’équiper les parois, d’aménager des sites, des chemins d’approche et des zones de stationnement. Toutes choses qui ont un impact direct sur les équilibres environnementaux et impliquent une gestion rigoureuse des risques.
En tant que propriétaire, le Conserva-toire du littoral disposait unilatéralement des moyens juridiques pour interdire ces pratiques sur un site. Cependant, puisque les approches évoluaient vers une prise de conscience des risques, les conditions préalables à l’ouverture d’une concertation avec les usagers étaient réunies. Cette démarche s’est traduite par la signature d’une convention cadre, au niveau national, avec la Fédération française de la montagne et de l’escalade (FFME). Cet important document sert de référence pour la négociation, sur chaque site, avec les associations locales.
La convention cadre est très contraignante et stipule, par exemple (art. 16), que « la convention d’usage d’un site peut être résiliée ou suspendue par le Conservatoire pour un motif écologique majeur (par exemple, menaces portant sur les risques de disparition d’une espèce protégée du fait de la présence du public) ; si la présence d’un risque naturel, en périphérie du site d’escalade, est susceptible de remettre en cause la sécurité du site (éboulis, glissement de terrains...) ; ou encore, du fait que la mise en sécurité du site nécessite des travaux importants disproportionnés au regard de l’entretien courant d’un site à vocation naturelle. »
Toutefois, le Conservatoire ne pouvait ignorer les conséquences locales (économiques et touristiques) d’une décision d’interdiction. Considérant les enjeux en termes de développement local, les solutions de gestion concertées doivent être privilégiées. Cela se traduit par la signature d’une convention, fondée sur un plan de gestion de site, et qui engage le Conservatoire, le gestionnaire et l’association d’escalade (en veillant bien à ce que celle-ci soit membre de la FFME).
Selon la situation, le plan de gestion peut comprendre différentes mesures :
n déséquiper les sites qui comportent des éléments floristiques rares et protégés (centaurée) ou faunistiques (rapaces, dont l’aigle de Bonelli et le faucon
crécerelle) ;
n changer les tracés de certaines voies ou pratiquer le « gel saisonnier » de certains sites en périodes de nidification (février à juillet) ;
n veiller à l’intégration paysagère des aires de stationnement, les plus éloignées possible du site, pour minorer les nuisances (notamment sonores) ;
n prendre en considération les chemins d’accès aux parois rocheuses, afin de ne pas « étendre » la zone d’impact.
La convention cadre nationale invite même à pousser la concertation jusqu’au partenariat, puisque son article 11 précise que « la présente convention est consentie à titre gratuit par le Conservatoire.
À titre de réciprocité, la FFME prête­ra gratuitement son concours au Conser-
vatoire et au gestionnaire pour aider si nécessaire à la réalisation d’opérations telles que : prélèvements à buts scientifiques sur les parois (flore) ou prise de photos pour des études sur la faune (rapaces), etc., sur l’ensemble du site naturel. »
Ainsi, prise de conscience, plan de gestion, concertation et partenariat permettent de gérer au mieux, et à une échelle pertinente, les compatibilités entre une activité d’escalade et un site naturel.