L’arbre : de la grimpe à l’éducation

 

Espaces naturels n°12 - octobre 2005

Pédagogie - Animation

François Bajeux
Chargé de mission aux arbronomades
Céline Pochon
Chargée de communication de la Maison de la nature et de l’environnement
 

« Les cousins des bois », ce joli nom est celui d’une association encore appelée arbronomades. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle a choisi de faire grimper le public dans les arbres pour l’éduquer à l’environnement. Le secret du succès : le bien-être, le respect, et une sacrée dose de pédagogie.

D’arbre en arbre, pendant onze jours et sans jamais toucher terre, des nomades du grand vert effectuent la traversée de Libercourt, une petite ville du Pas-de-Calais. Ce sentier arboré, ils l’ont nommé : « La rue du baron perché. » Autour de cette opération des bénévoles se mobilisent, les habitants apportent leur soutien quotidien… Nous sommes en mai 1998. Voilà à peine un an que l’association « Les cousins des bois, arbronomades » a vu le jour et c’est le premier événement grand public qu’elle organise.
L’happening plaît aux médias. Ils en font écho comme s’il ouvrait les portes du rêve. Cette médiatisation des activités de grimpe encadrée dans les arbres pose un regard nouveau sur cet univers oublié. C’est d’ailleurs là l’essentiel.
Ainsi, d’année en année, le projet éducatif des Arbonomades s’affine, il concerne le grand public, les groupes d’enfants, d’adolescents pour l’éducation à l’environnement ainsi que les publics spécialisés pour l’action sociale. Mais surtout, ce projet vise la sensibilisation à la vie de l’arbre et au bien-être de l’individu dans cet environnement arboré. Il s’agit de grimper de façon sensible : comprendre l’arbre, faire corps avec lui et respecter sa fragilité.
Pour cela des règles ont été élaborées. Primo, la taille du groupe : un petit comité. Secondo : la nécessité absolue d’un encadrant. Des compétences particulières sont d’ailleurs requises, l’animateur doit être quelqu’un dont l’expérience et l’écoute permettent aux encadrés de dépasser leurs appréhensions et d’aller à la rencontre de l’univers de l’arbre. Il grimpe avec les grimpeurs…
Sa présence dans l’arbre est fondamentale. Elle lui permet d’intervenir à tout moment et de proposer une aide morale et physique. La discrétion fait partie intégrante du profil requis, l’encadrant doit donner à chacun le temps qui lui est nécessaire pour sa propre découverte. Et puis, quand il n’est pas « dans l’arbre », l’animateur réalise des outils pédagogiques en lien avec des thématiques liées à l’arbre et son écosystème. Il propose des séances d’animation interactives au sol et en hauteur. Son objectif est que chacun des pratiquants devienne conscient de son interaction avec l’environnement : l’arbre est un média éducatif.
Parcours acrobatiques
Loin de cette exigence pédagogique où l’arbre est support d’éducation à l’environnement, d’autres activités du « même type » sont apparues, fin des années 90. On les qualifie de parcours d’aventure à destination du grand public et des familles. L’évolution en autonomie, c’est-à-dire sans encadrement, y est la règle. Quant à la philosophie, elle s’apparente au parcours du combattant : les participants évoluent sur un câble en acier allant d’arbre en arbre, et d’atelier en atelier. Jusqu’à cinquante personnes peuvent évoluer sur un même parcours. La surveillance s’effectue du sol et le matériel est installé de façon pérenne sur le site.
À chaque saison estivale, ces parcours aventure connaissent un grand succès, sans doute lié à leur grande capacité d’accueil mais également à leur positionnement : le sensationnalisme.
Prenant acte de cette évolution des loisirs, le ministère de la Jeunesse et des Sports à décidé d’encadrer les pratiques acrobatiques en hauteur. Une instruction en date du 3 mai 2002 (05-092 JS) normalise dorénavant l’encadrement des activités physiques sur les parcours acrobatiques en hauteur. Elle fixe les conditions de l’encadrement à titre bénévole et détermine les qualifications spécifiques requises pour ce type d’activité. Elle autorise l’encadrement contre rémunération. Cette circulaire a été reconduite le 19 mai 2005. On la trouve sur le site du ministère de la Jeunesse et des sports1.

1. http://www.intranet.jeunesse-sports.gouv.fr/mjsdocumentation/Instruc/200... (taper clientdoc pour l’utilisateur et le mot de passe).