Chiroptères. Comment aménager des sites anthropisés

 

Espaces naturels n°37 - janvier 2012

Méthodes - Techniques

Audrey Tapiero
FCEN Plan national d’actions Chiroptères

 

Vous envisagez de réaménager un site ? Pas d’improvisation.

Les chauves-souris d’Europe requièrent pour hiberner des conditions stables de température, une humidité importante et une absence de dérangement. Une grotte, une cavité arboricole peuvent faire l’affaire. Les caves des maisons peuvent aussi servir de refuge. Globalement, les sites anthropisés sont des structures favorables pour l’hibernation ou la mise bas. Or, qu’il s’agisse d’ouvrages d’art dans lesquels le murin de Daubenton aurait trouvé refuge, d’un bâti abritant le petit rhinolophe ou encore d’une mine occupée par des barbastelles d’Europe, il arrive que des travaux de réfection ou de mise en sécurité soient envisagés. Pourtant toutes les espèces de chauves-souris présentes en France métropolitaine, ainsi que leurs aires de repos et de reproduction, sont intégralement protégées par l’arrêté ministériel du 23 avril 2007 relatif à la protection des mammifères (art. L. 411-1 du code de l’Environnement).

Équilibre vital. L’équilibre des conditions nécessaires à la survie des chiroptères est délicat ; de nombreux critères entrent en ligne de compte. Il en est ainsi de la température, du taux d’hygrométrie, de la ventilation et de la luminosité qui sous-tendent des enjeux vitaux.
Des variations d’hygrométrie ou des changements de température (tels qu’un passage au-dessus de 11 degrés ou en dessous de zéro) peuvent provoquer le réveil de la chauve-souris durant l’hibernation et peuvent alors lui être fatals car très consommateurs d’énergie.

Les bonnes questions. La difficulté est accentuée par le fait que chaque espèce a des exigences particulières quant à la taille ou la nature du site. Tout aménagement modifiant le gîte peut provoquer une désertion.
La réflexion préalable s’impose donc. Ainsi, vous pensez aménager une cavité souterraine par la pose d’une grille : quel espace de barreaux sera suffisant, nécessaire ? Le rhinolophe ne sera pas gêné par les barreaux horizontaux, ce n’est pas le cas du minoptère de Schreiber qui refuse de les franchir. Un périmètre grillagé de sécurité sera, dans ce cas, plus adapté. Sans omettre que la pose d’une grille coulissante peut s’avérer judicieuse : elle supprime le risque de perturbation par l’Homme qui ne peut accéder au site ; en revanche elle permet au chiroptérologue d’effectuer des suivis.
Aménager, c’est donc se poser une question clé : quel type d’espèce est susceptible de coloniser le site ?
On ne manquera pas de s’interroger sur la période des travaux. Les chauves-souris sont présentes dans les combles des bâtiments d’avril à octobre ; période durant laquelle tous travaux sont à éviter.

Pas d’improvisation. Quand une colonie de mise bas est découverte et que des travaux sont prévus, il est important de faire appel à un spécialiste : un chiroptérologue local1. Il identifiera alors les espèces et vous conseillera sur les mesures les plus appropriées. Il programmera avec vous la date des travaux dont la réalisation dépendra des espèces observées. •