Scientifiques et gestionnaires

Comment rendre fructueuse leur collaboration ?

 

Espaces naturels n°16 - octobre 2006

Études - Recherches

Aurélie Vanden-Eede
Chargée de mission scientifique Loire nature Fédération des conservatoires d’espaces naturels

 

Depuis 1993, le programme Loire nature1 est propice à la collaboration entre chercheurs et gestionnaires. Ce rapprochement a nécessité d’identifier leurs attentes respectives et de favoriser les échanges inter-réseaux.

Le gestionnaire soulève des questions transversales et nombreuses (trop, selon le chercheur). Il escompte des réponses concrètes et des solutions à court terme, alors que le pas de temps des travaux de recherche est bien plus long que celui qu’il viserait. Le scientifique voit dans ces questionnements une manne passionnante de nouvelles problématiques.
Toutefois, l’approche pluridisciplinaire est encore peu valorisée et, pour être reconnu, le chercheur a l’obligation de publier dans des revues spécialisées et de valoriser ses travaux auprès d’autres laboratoires. Ce fonctionnement, propre à la recherche, est peu propice à une vulgarisation des résultats des travaux et à la transmission de données auprès d’acteurs de terrain.
Si le gestionnaire confond parfois recherches appliquée et fondamentale, le chercheur, lui, se situe en marge des exigences d’efficience du professionnel de terrain. En revanche, la maîtrise foncière ou d’usage que le gestionnaire peut garantir dans le temps aux sites d’expérimentation et l’aide technique qu’il peut fournir au chercheur lui sont précieuses.
Dans le cadre du programme Loire nature, le rapprochement entre chercheurs et gestionnaires est souvent né de collaborations ponctuelles, lesquelles se sont développées durant la première phase du programme (1993-1998) et consolidées au cours de la seconde phase (2002-2006). Parallèlement, l’existence d’une action scientifique transversale (depuis 2002) a permis d’initier des rencontres thématiques, des formations, des réseaux de discussion où gestionnaires et chercheurs échangent sur leurs préoccupations et trouvent un langage commun. Cette action, associée à une démarche de centre de ressources sur le patrimoine naturel et les zones humides alluviales, a permis d’identifier les acteurs de la gestion et de la connaissance du bassin de la Loire, de créer du lien avec les chercheurs et de favoriser les rencontres inter-réseaux.
Chercheurs et gestionnaires se sont donc entendus sur des modalités de collaboration basées sur le bénéfice mutuel. Pour le gestionnaire, il consiste à trouver des réponses à ses requêtes ; pour le chercheur, à bénéficier d’une aide technique ou à trouver une plus-value à ses travaux, notamment à voir ses objets de recherche sous un jour nouveau. Par exemple, celui d’une approche intégrant les sciences humaines et les sciences de l’ingénieur
et abordant des thèmes d’actualité tel le changement climatique.
Les liens entre recherche et préoccupation des gestionnaires devraient s’accentuer dans le cadre du nouveau Plan Loire 2007-2013. L’organisation de nouvelles rencontres et l’accompagnement du montage de projets conjoints engagés depuis le début d’année y contribuent déjà.